Maxim Gaudette : Théâtre du crime
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique, en 1998, MAXIM GAUDETTE n’a pas chômé. Il s’apprête à défendre le plus grand rôle de sa jeune carrière: Raskolnikov, l’antihéros du célèbre roman de Dostoïevski Crime et Châtiment.
Homère, Dostoïevski, Shakespeare, Ionesco, Tchekhov… Décidément, cet hiver, la rentrée théâtrale met à l’affiche plusieurs grands auteurs et des oeuvres littéraires qui ont marqué la culture occidentale. La production de Crime et châtiment, qui ouvre la saison du Théâtre Denise-Pelletier, le 26 janvier, en fait partie. Au fil du temps, ce roman de Dostoïevski, paru en 1866, est devenu LA lecture classique pour des milliers d’étudiants.
C’est d’ailleurs au Conservatoire d’art dramatique de Montréal que le jeune comédien Maxim Gaudette a d’abord été bouleversé par l’oeuvre forte et troublante du romancier russe. «J’ai participé à un atelier autour de Crime et Châtiment dirigé par Igor Ovadis. Serge Mandeville et moi défendions le héros, Raskolnikov. On ne faisait qu’une partie du roman, sept scènes. Mais l’atelier durait plus de trois heures, car on avait tiré les dialogues intégralement du roman. Pour la production actuelle, Igor (Ovadis) et Serge (Mandeville) ont adapté l’oeuvre au complet pour en faire un texte dramatique d’une durée d’environ trois heures.»
Serge Mandeville et Stéfan Perreault – qui font partie de la distribution et sont aussi à la tête d’Absoluthéâtre une compagnie dont les membres proviennent de la classe de Gaudette au Conservatoire- ont proposé le projet à Pierre Rousseau, le directeur du Théâtre Denise-Pelletier. Dans l’aventure de Crime et Châtiment, ils ont aussi réuni les acteurs Marc Béland, Violette Chauveau, Stéphane Brulotte, Catherine Allard, Geneviève Cocke et Marie-Christine Lalande,
Pour Maxim Gaudette, c’est un défi énorme. Il va reprendre ce personnage orgueilleux qui, «pour prouver son indépendance et son droit à disposer de lui-même», tue une vieille femme. «Raskolnikov, c’est le plus gros rôle de ma jeune carrière, dit-il. C’est vraiment un marathon. C’est exigeant physiquement et émotivement. À part quelques épisodes de Virginie, je me consacre totalement à ça.»
L’homme déchiré entre le bien et le mal, le conscient et l’inconscient, la foi et l’agnosticisme… Voilà ce que montre Dostoïevski à travers le «portrait psychologique d’un criminel, l’intrigue presque policière et les situations absurdes» qui constituent Crime et châtiment.
«Raskolnikov veut tout raisonner ce qui se passe autour de lui, dit le comédien. Il refuse de faire partie de la masse, de suivre le troupeau. Il est orgueilleux et veut tout contrôler. Raskolnikov veut changer le monde, mais il voit beaucoup trop grand et ne sait pas comment s’y prendre. Il mène un combat contre la nature.
«Parfois, il me fait penser à un clochard. Il a quitté sa famille, ses proches, son travail. Même s’il a un toit, il est comme dans la rue. Il a fait ce geste ultime (un meurtre) pour avoir le sentiment d’exister, d’être vivant. À la fin de la pièce, il dit: "Après ce meurtre, je voulais faire des milliers de bonnes actions." Or il est trop tard; il s’est perdu.»
Rongé par la culpabilité, un de ses châtiments, Raskolnikov voudra se suicider. Mais il décidera de se rendre aux autorités. En vain. Finalement, l’amour d’une femme, Sonia, lui fera découvrir la foi religieuse.
Selon l’acteur, dans la mise en scène d’Igor Ovadis, les spectateurs vont sentir la psychologie du personnage principal à travers ses rencontres. «On ne jouera pas chaque petit détail psychologique. Le texte coule aussi à travers l’action.»
Depuis sa sortie du Conservatoire, il y a un peu plus de deux ans, Maxim Gaudette n’a pas chômé. On l’a vu au Théâtre d’Aujourd’hui dans la création québécoise La Salle des loisirs; au Rideau Vert dans Le Mariage de Figaro; au Théâtre Juste pour rire avec Le Libertin («J’ai fait la rue Saint-Denis du nord au sud», dit-il à la blague); et aussi dans Lorenzaccio sur la scène du Théâtre Denise-Pelletier, aux côtés de Luc Picard, sans oublier Le Manuel sacré à l’Espace Libre.
«Je suis heureux de la tournure des événements, commente le comédien de 25 ans. On m’offre des projets intéressants. Au Conservatoire, on me proposait surtout des jeunes amoureux fragiles, timides et romantiques. Et des valets. Aujourd’hui, on pense à moi pour des personnages ténébreux, torturés, voire un peu fous. Ce sont encore des hommes fragiles. C’est sûr. Avec mon physique, je peux difficilement jouer des gros méchants! Mais je suis content. Car j’ai peu d’intérêt pour les superhéros au-dessus de tout le monde. Je préfère les antihéros. Les personnages qui ont des failles.»
N’empêche qu’après son expérience de Raskolnikov, Maxim Gaudette a le goût de changement. «Au mois de mai, je vais jouer un amoureux léger dans Songe d’une nuit d’été au TNM. Ça va faire du bien.»
Du 26 janvier au 19 février
Au Théâtre Denise-Pelletier
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