Série des majeurs : Règle de trois
Dans le cadre de la Série des majeurs à Tangente, les interprètes Harold Rhéaume, Catherine Tardif et Jacques Moisan ont concocté un spectacle original dans lequel ils partagent la vedette.
Ces chorégraphes-danseurs se connaissent depuis trois ans et, pourtant, ils donnent l’impression d’être des amis depuis toujours. Harold Rhéaume, Catherine Tardif et Jacques Moisan se sont rencontrés alors qu’ils étaient interprètes dans la production de Danièle Desnoyers Discordantia. «On a vite senti qu’on avait des atomes crochus, relate Harold Rhéaume. Quelque chose nous liait, tant dans notre façon de travailler que dans notre humour.» «De plus, on s’admire mutuellement comme interprètes», dit Jacques Moisan.
Le trio d’amis livrera dans quelques jours, à Tangente, un spectacle composé de duos signés par chacun d’eux et dansés par les deux autres. Si les comparses partagent le même humour, le même goût pour le rétro et le même appétit vorace pour la danse et le théâtre, leurs approches du travail chorégraphique n’ont pourtant pas grand-chose en commun. Ainsi, les dernières oeuvres de Catherine Tardif (Décorum et Léopold et Maurice) misaient plutôt sur une interprétation théâtrale et humoristique que physique. Harold Rhéaume, lui, livre une danse sombre et peaufinée, représentative de la danse québécoise. Quant à Jacques Moisan, c’est le novice du trio. Son curriculum vitae comporte quelques créations solos, dont Femmes fictives présenté à Tangente à l’hiver 1996.
En revanche, les trois se révèlent des interprètes en demande. On a vu Catherine Tardif dans la plupart des spectacles de Danièle Desnoyers. Elle a aussi été la principale interprète d’un projet chorégraphique dirigé par Louise Bédard et Brigitte Haentjens, Esquisse à quatre mains pour quelques gestes inattendus. Elle a également dansé pour Montréal-Danse et Jean-Pierre Perreault. Harold Rhéaume a surtout évolué dans des pièces de Louise Bédard et de Danièle Desnoyers. Enfin, Benoît Lachambre, Hélène Blackburn, Irène Stamou et, bien sûr, son grand copain Harold ont fait plus d’une fois appel au talent de Jacques Moisan.
L’idée de monter un spectacle ensemble leur est spontanément venue, autour d’une bière, en plein brouhaha d’une première, l’hiver dernier. Aujourd’hui, ils ne savent plus trop qui en a eu l’idée. Mais celle-ci leur a semblé tellement géniale qu’ils ont renoncé aux subventions pour ne pas retarder sa réalisation. «D’habitude, on fait ce genre de folie lorsqu’on débute dans le métier, observe Harold Rhéaume. Mais le désir de créer ensemble était si puissant qu’il l’a emporté sur toute logique.»
D’accord, ces artistes dans la trentaine sont fous mais pas au point de mettre en péril leurs carrières respectives. «On s’est imposé une quinzaine d’heures de création pour chaque duo. De cette façon, on n’empiète pas sur nos autres engagements professionnels», explique Catherine Tardif. «L’avantage avec cette formule, relance Harold Rhéaume, c’est qu’on prend des décisions artistiques rapidement et on établit des horaires de travail précis.»
Ces jours-ci, leur temps est compté à la seconde près. Seule la création de Catherine est bouclée. Malgré le court laps de temps dont ils disposent devant eux, Harold Rhéaume et Jacques Moisan restent sereins. «On ne dit pas que ce sera un show extraordinaire, insiste Jacques Moisan. Mais on se sent en confiance. On sait qu’on saura tirer notre épingle du jeu sur la scène.»
Selon eux, leur grande force se résume à leur clarté d’intention. Comme danseurs, ils savent exactement à quoi se résument les attentes du chorégraphe. Il reste que chaque représentation comporte une partie d’improvisation. Le duo de Catherine Tardif évoque des émotions reliées à de vieux souvenirs. «Dès les premières répétitions, je me suis senti comme un poisson dans l’eau», dit Harold Rhéaume. «Il n’y a aucun contact physique, aucun contact visuel, poursuit Jacques Moisan. Malgré l’absence d’une gestuelle complexe, notre performance exige énormément de concentration.»
Dans le duo de Jacques Moisan, les danseurs répètent sans cesse le même mouvement sur une musique techno. Enfin, le duo d’Harold Rhéaume s’inspire de Fred Astaire et Ginger Rogers. «Ce sera sans doute le morceau le plus dansé de la soirée. J’ai envie d’aller vers la simplicité, vers le plaisir. Mais je dis cela depuis des années et lorsque vient le temps de la création, je prends toujours une direction plus sombre», conclut en souriant le chorégraphe.
Du 27 au 30 janvier
À Tangente
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