Lucie Grégoire : Danse au Sahara
Scène

Lucie Grégoire : Danse au Sahara

Avec sa dernière création, Fragile Lumière, à l’affiche de l’Agora de la danse la semaine prochaine, LUCIE GRÉGOIRE veut poser un regard féminin sur la vie.

Dans une autre vie, Lucie Grégoire devait être une gitane. Cette chorégraphe-danseuse de la même génération que Louise Bédard et Sylvain Émard entend l’appel du large depuis ses tout premiers pas en danse, soit au milieu des années 70. Ce n’est donc pas un hasard si ses chorégraphies s’inspirent d’images d’ailleurs. Ainsi, sa dernière création, Fragile Lumière, à l’affiche de l’Agora de la danse la semaine prochaine, s’est nourrie d’images de visages burinés, de fêtes de villageois ou de désert marocain.

Artiste discrète sur la scène québécoise, son circuit professionnel impressionne. À la fin des années 70, Lucie Grégoire a suivi pendant cinq ans, à New York, des cours de danse auprès du réputé Merce Cunningham. Elle a ensuite dansé pendant plusieurs années à Paris. Puis, elle a poursuivi sa carrière à New York et, au bout d’un an, elle a plié bagage en direction de Montréal. Entre-temps, elle a réalisé un stage de buto avec Min Tanaka, à Tokyo. Mais allez savoir pourquoi, la carrière de Lucie Grégoire n’a pris son envol que dans les années 90. «J’avais longtemps fait de la danse abstraite. À un moment donné, j’ai senti le besoin de faire resurgir l’émotion. J’ai alors délaissé la danse formelle. Aujourd’hui, j’y reviens tranquillement», dit-elle.

Une chose est sûre, la chorégraphe reste attentive à l’esthétisque et à la poésie du geste. Ses dernières pièces se révèlent davantage personnelles et sensuelles. «C’est important pour moi de rester en contact avec mes sources d’inspiration. Si je m’aperçois que je répète un mouvement exploré dans une pièce précédente, je le laisse tomber. Mais attention, mon trio n’a rien d’exotique: il n’y a ni dune ni danse du ventre.»

Après une décennie consacrée à la création solo, elle souhaite poser un regard féminin sur la vie en compagnie des danseuses Maria Kefirova et Sandra Lapierre. «Nous incarnons des femmes de 20, 30 et 40 ans, avec des façons d’être et des destins différents.» Alain Lortie signe les éclairages pour une troisième fois consécutive. «Même s’il a travaillé sur Notre-Dame de Paris ou avec Peter Gabriel, il poursuit avec moi une recherche qu’il peut difficilement accomplir dans les spectacles d’envergure.»

Le défi de Lortie? Concevoir une lumière à travers une immense toile en plastique. Mais, contrairement à Axel Morgenthaler dont les éclairages peuvent vivre sans la chorégraphie, le travail de Lortie reste au service de la danse. «Avant même que je ne lui parle du spectacle, il devinait déjà ce vers quoi je souhaitais me diriger. » Même chose du côté du compositeur Robert M. Lepage. «Il dit que ma danse peut se passer de lui tellement elle est musicale», dit-elle en souriant.

Sensible au mariage des arts, Lucie Grégoire a invité la peintre-sculpteure Françoise Sullivan, autrefois chorégraphe, et l’auteure Denise Desautels à créer des esquisses et des textes à partir de sa danse, lesquels seront exposés à l’Agora de la danse. Cette ouverture aux autres arts a toujours été essentielle, car c’est une façon pour elle de toucher à un public plus large et, sûrement, de le faire voyager.

Du 2 au 12 février
À l’Agora de la danse
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