Pierre Robitaille : Pour adultes seulement
Scène

Pierre Robitaille : Pour adultes seulement

Créé en 1998, Les Enrobantes vient d’être repris avec succès au Périscope à Québec, à la mi-janvier. Cette création originale signée Marie-Christine Lê-Huu, d’après une idée de Robitaille, et mise en scène par Gill Champagne (le directeur du Théâtre Blanc) prendra l’affiche de la salle Fred-Barry à Montréal, dès le 8 février.

Si vous dites à Pierre Robitaille que pour apprécier un spectacle de marionnettes, «il faut ouvrir son coeur d’enfant», le poil va immédiatement lui dresser sur les bras! Pour le directeur artistique du Théâtre Pupulus Mordicus, à Québec, la marionnette a, du Japon au Bread and Puppet Theatre, une histoire, une tradition et une esthétique qui font appel à l’intelligence des adultes. C’est du moins le point de vue de sa compagnie formée d’un collectif d’artistes de diverses disciplines. Celle-ci a donné deux des plus intéressants spectacles de marionnettes pour adultes ces dernières années: Faust, pantin du diable, et Les Enrobantes, cabaret décolleté pour psychanalyste plongeant.

Créé en 1998, Les Enrobantes vient d’être repris avec succès au Périscope à Québec, à la mi-janvier. Cette création originale signée Marie-Christine Lê-Huu, d’après une idée de Robitaille, et mise en scène par Gill Champagne (le directeur du Théâtre Blanc) prendra l’affiche de la salle Fred-Barry à Montréal, dès le 8 février. Il s’agit d’une comédie burlesque qui tourne autour du personnage de Freud. Elle met en relief l’humanité du célèbre psychanalyste. Après que des nazis eurent dérobé un précieux document qui dévoile l’autoanalyse de Freud, dont son impuissance sexuelle, le docteur tentera de sauver sa réputation en suivant les voleurs dans un cabaret. Là, il sera ensorcelé par le charme «enrobant» de Lola, personnage inspiré de Dietrich dans le film L’Ange bleu. Dans cette poursuite à la fois loufoque et expressionniste, la production de Pupulus Mordicus mêle l’humour au travail sérieux des comédiens qui manipulent 13 marionnettes (Robitaille, Anne-Marie Olivier, Martin Genest et Véronique St-Jacques).

Pour Pierre Robitaille, l’art de la marionnette est très en santé au Québec. En témoignent la Semaine mondiale de la marionnette à Jonquière (un des plus importants festivals du genre sur la Côte-Est, estime-t-il); les productions acclamées mondialement du Théâtre Sans Fil; et une association québécoise regroupant une centaine de membres.

À la fin des années 70, alors étudiant en arts visuels, Robitaille a eu le coup de foudre pour la marionnette. Depuis, il fabrique et manipule des marionnettes pour la télévision et la scène. «Il y a actuellement une renaissance de la marionnette pour adultes, dit-il. À Québec, le Théâtre du Sous-Marin Jaune, dirigé par Antoine Laprise, conçoit aussi des spectacles de marionnettes grand public en adaptant des oeuvres épiques comme Candide de Voltaire, le Mahabharata, ou la Bible…

«La principale qualité de la marionnette, c’est son pouvoir de suggestion, croit-il. La marionnette peut se compresser, voler, se démembrer, ou proposer toutes sortes d’images. Il n’y a pas de limite à la métaphore. Parallèlement, on peut aussi avoir des dialogues très réalistes. Finalement, l’art de la marionnette évoque également la distanciation de Bertolt Brecht, puisque le manipulateur devient aussi spectateur de son jeu.»

Mais, loin des théories, Les Enrobantes demeure un spectacle drôle et léger. «On fait d’abord et avant tout du théâtre festif», conclut Robitaille. C’est pas parce qu’on s’adresse aux adultes qu’il faut obligatoirement se prendre au sérieux…

Du 8 au 26 février
À la salle Fred-Barry (à 19 h 30)
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