Scène

Émilie ne sera plus jamais cueillie… : À fleur de mot

«L’angoisse de la page blanche? Connais pas!», pourrait répondre MICHEL GARNEAU, poète et dramaturge prolifique. Impossible pour lui de souffrir de ce travail qu’il a choisi et qui, après plusieurs décennies, lui procure toujours autant de plaisir. Rencontre avec un écrivain heureux.

Émilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone

Sa fascination pour le langage, son plaisir à ciseler les mots ont mené l’auteur à faire revivre une autre amoureuse de la langue, la poétesse américaine Emily Dickinson. Garneau admire, dans la vie et la poésie de cette auteure du XIXe siècle, son attention à toute chose. Au cours d’une vie simple, qu’elle a transformée en «grande et folle aventure», «elle a découvert, par ses propres chemins, l’art de vivre en état de présence au monde autour d’elle». L’écrivain québécois, avouant chercher «le secret qui me ferait digne de l’instant», trouve chez elle un écho.
Pour construire son personnage, Michel Garneau a abordé l’auteure non à travers sa biographie, dont seulement quelques éléments se retrouvent dans la pièce, mais par le biais de son oeuvre, qu’il fréquente depuis l’âge de 17 ans. Il a ainsi créé cette pièce sur le langage, en racontant l’histoire d’Émilie, poétesse, et de sa soeur Uranie, musicienne, à travers les souvenirs, le temps qui passe, le contact avec la nature.
Écrite pour les comédiennes Michèle Rossignol et Monique Mercure, la pièce Émilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone fut créée en 1980. Le Périscope accueille ces jours-ci une production suisse; déjà jouée en 1989 à Genève, la pièce est reprise par la même équipe, 10 ans plus tard. Le metteur en scène, Philippe Morand, les comédiennes Véronique Mermoud et Yvette Théraulaz, les concepteurs Gilles Lambert et Liliane Tondellier ont «revisité» leur travail, et certaines propositions de la première version. Le spectacle, mûri par les années écoulées, gagne en profondeur. «C’est une expérience magnifique», estime Garneau, qui se dit également touché par une grande joie de la vie d’un auteur: «qu’un texte vive par la passion d’autres personnes».
Issu d’une famille «où la normalité était d’être un artiste», il choisit très tôt d’écrire. Parce que c’est une passion, parce qu’il a décidé d’en vivre, il côtoie la langue de façons diverses: poésie et théâtre, mais aussi traduction, «une forme studieuse de la poésie», raio et codirection artistique du Petit Théâtre de Sherbrooke. Nourrissant son écriture de toutes ces activités, Michel Garneau s’octroie le bonheur de vivre sans cesse dans ce qu’il nomme en riant son «obsession principale».

Du 15 au 26 février
Au Théâtre Périscope
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