Les Pamphlétards : Un brûlot qui laisse tiède
Scène

Les Pamphlétards : Un brûlot qui laisse tiède

Les Pamphlétards se veut une «satire comique et rurale» portée par quatre comédiens, issus de l’École nationale de théâtre, incarnant des êtres obsédés par la norme, le confort et l’indifférence…

La relève théâtrale s’intéresse à la politique. Coup sur coup, deux créations, aux antipodes l’une de l’autre mais ayant toutes deux un scrutin électoral en toile de fond, ont pris l’affiche dernièrement. Tandis que Novembre, un «documentaire théâtral» d’Annabel Soutar, mettait en scène une panoplie de témoignages recueillis un peu partout en province, Les Pamphlétards se veut une «satire comique et rurale» portée par quatre comédiens, issus de l’École nationale de théâtre, incarnant des êtres obsédés par la norme, le confort et l’indifférence…

Ils échangeront durant une heure des répliques absurdes, dont les plus amusantes rappellent Les Voisins de Claude Meunier et Louis Saïa, ou encore, La Petite Vie… Réunis pour corder du bois, Jean-Pierre (Stéphane Leblanc) et Huguette (Anka Rouleau) attendent, en compagnie de leur bru (Chantal Dumoulin) et d’un voisin (Daniel Desjardins, aussi auteur et metteur en scène de la pièce), leur fils pour aller, tous ensemble, voter. Mais ce dernier les a laissés en plan, troquant son devoir d’électeur contre une fin de semaine de camping. Ensemble, ils se doteront d’un plan d’attaque pour ramener fiston dans le droit chemin.

Ces pamphlétards – «un mot inventé avec les restes avant d’un pamphlétaire et les restes arrière d’un pantouflard», selon l’auteur – sont dépeints comme quatre losers de la campagne sans esprit critique, qui ne vivent que pour consommer. La charge est lourde et la métaphore, peu subtile. Heureusement, quelques scènes farcies d’une bonne dose d’humour rafraîchissent (un peu) ce brûlot théâtral. Il y a Gérard, le voisin, bouleversé par la terrible bévue qu’il vient de commettre – il a verrouillé sa bagnole en lançant, au dernier moment, les clefs à l’intérieur; il y a aussi Julie, qui, à la demande de ses beaux-parents, écoutera la chanson Si j’avais un char au complet, une petite radio cassette cheap sur les genoux…

Confinés dans un espace scénique lilliputien, les comédiens se débrouillent plutôt bien avec les rôles caricaturaux dont ils ont hérité. Une mention spéciale pour Chantal Dumoulin et Anka Rouleau, qui offrent d’intéressantes compositions en femmes apeurées aux épaules voûtées et au regard fuyant.

Dommage qu’au bout du compte, en voulant émettre un bouillant «J’accuse!», Daniel Desjardins ait accouché d’une première pièce qui laisse plutôt tiède…

Jusqu’au 26 février
À La Balustrade du Monument-National
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