Les Ballets de Jazz de Montréal : Second souffle
Scène

Les Ballets de Jazz de Montréal : Second souffle

Avec la nomination de l’ancien danseur étoile des Grands Ballets Canadiens, Louis Robitaille, à sa direction artistique, les Ballets Jazz entre dans une nouvelle ère. En témoigne, leur dernier programme varié présenté à l’Espace Go.

Les Ballets Jazz de Montréal

renaissent de leurs cendres. Leur dernier programme, À fleur de peau/With Soul, comprend des oeuvres variées mais inégales. Heureusement, la deuxième partie vaut à elle seule le détour. Elle valorise la virtuosité des danseurs et le flair de son nouveau directeur artistique, Louis Robitaille. Si ce dernier entend poursuivre dans cette direction, la deuxième vie des Ballets Jazz de Montréal risque d’être longue.
C’est que depuis deux ans que la troupe cherche à revitaliser son style. Non sans raison: après avoir fait salle comble dans les années soixante-dix et quatre-vingt, la compagnie ne parvient plus à rivaliser avec la danse contemporaine, en pleine expansion, et avec le ballet. La récente nomination de l’ancien danseur étoile des Grands Ballets Canadiens à la direction artistique des Ballets Jazz vise à regagner le coeur du public. Celui-ci veut désormais faire de la danse contemporaine et néoclassique. Et, qui plus est, il entend danser, un bonus pour la compagnie. En fait, ne survivra de cette crise d’identité que la musique jazzée. Et c’est tant mieux. À fleur de peau/With Soul comporte des morceaux rythmés ou sensibles. Composées par Bobby McFerrin, Gavin Bryars, Timothy Sullivan et Albert Sterling Menendez, ces musiques prêtent à la rêverie, un phénomène trop rare dans les spectacles de danse contemporaine.
À l’exception de la dernière pièce du programme, les chorégraphes invités présentent des oeuvres qui pourraient s’inscrire dans un programme d’une compagnie de ballet. Il revient à la Française Myriam Naisy d’ouvrir le spectacle. La première séquence frappe l’imagination. Le danseur Louis Robitaille se laisse lentement glisser sur une corde suspendue. Accompagnés par une musique de jazz ancienne, ses mouvements dégagent de la puissance, mais n’impressionnent pas beaucoup. Plus tard, l’interprète se contorsionnera étrangement sur le sol sans que ses mouvements ne nous touchent vraiment.
C’est à la deuxième pièce que la sensualité se desine. Shawn Hounsell a conçu plusieurs tableaux dynamiques, parfois un brin confus. Son oeuvre comprend des séquences réussies comme celle où les danseuses évoluent, le visage couvert d’un voile noir. Nul doute que les prochaines oeuvres de ce danseur chez les Grands Ballets Canadiens promettent. L’esthétique de la Torontoise Dominique Dumais est plus affirmée. Une succession de pas de deux charnels qui atteint son apogée avec le passage de Louis Robitaille et Vanessa Convery. La rencontre de cette femme qui s’abandonne dans les bras de son partenaire à l’allure altière donne des frissons. Enfin, l’univers change radicalement avec Circle Songs de Mia Michaels. Joyeuse et insolente, la danse de cette Américaine se situe entre la danse de rue et le ballet jazz. Il y flotte un petit air de Broadway, mais sans tout son clinquant. Et, surtout, les danseurs partagent un plaisir fou sur scène, lequel déferle jusqu’à nous.
Jusqu’au 11 mars,
à l’Espace Go

Les Grands Classiques
Les Grands Ballets Canadiens seront de retour sur la scène du Théâtre Maisonneuve. La troupe y livrera des oeuvres de son répertoire, créées dans le courant du dernier siècle par des chorégraphes influents. Une soirée qui s’annonce sous le signe de la diversité, laquelle a été élaborée par l’ex-directeur des GBC, Lawrence Rhodes.
La romance et le classicisme alternent avec la réflexion sociale et la tragédie humaine. Dans La Valse Fantaisie de l’Américain d’origine russe George Balanchine, la virtuosité des danseurs est mise à l’honneur. Le Jardin des lilas du Britannique Antony Tudor nous dévoile pour sa part le talent dramatique des interprètes dans une histoire de passions et de ruptures. The Moor’s Pavane du Mexicain José Limon se veut, quant à lui, une adaptation libre de la pièce de Shakespeare, Othello. Les personnages de ce drame amoureux évoluent dans des décors sombres, rouge sang. Enfin, l’Allemand Kurt Jooss a conçu un ballet aux accents prophétiques. L Table verte, dont la première mondiale a eu lieu en 1932 à l’Opéra de Paris, met en scène des hommes de pouvoir qui envoient le bon peuple aux armes pendant qu’eux réfléchissent sur le sort de l’humanité. Troublant.
Après l’étape montréalaise, Les Grands Ballets Canadiens présenteront ce programme à Los Angeles, Houston, Nouvelle-Orléans et Philadelphie. Rappelons enfin que Gradimir Pankov tient les rênes artistiques de la compagnie depuis le départ de Lawrence Rhodes, l’automne dernier.
Du 9 au 18 mars,
au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
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