Les Enfants d'Irène : Sens dessus dessous
Scène

Les Enfants d’Irène : Sens dessus dessous

Les Enfants d’Irène sont nés d’une rencontre entre 13 artistes qui avaient envie de rire ensemble de la route tortueuse que l’humain emprunte pour aller là où il ne va jamais… Mais où ça? On ne le saura jamais…

Dans le communiqué de presse de la plus récente création du Théâtre PàP, qui a pris l’affiche de la salle 2 de l’Espace Go la semaine dernière, on peut lire ceci: «Conte citadin ou comédie urbaine, Les Enfants d’Irène sont nés d’une rencontre entre 13 artistes qui avaient envie de rire ensemble de la route tortueuse que l’humain emprunte pour aller là où il ne va jamais…» Où ça? On ne le saura pas. À la fin de cette pièce écrite et mise en scène par Claude Poissant, les spectateurs ignorent toujours par quel chemin et dans quelle direction les créateurs veulent bien les mener…

Au théâtre, rien n’est plus frustrant que de réaliser qu’on ne comprend pas une proposition artistique. C’est le sentiment que j’ai ressenti au cours des quelque 90 minutes de la représentation. J’ai beau avoir tenté de comprendre le sens du spectacle… il m’échappait à chaque fois que je croyais l’avoir saisi, comme une savonnette qui vous glisse entre les mains. L’auteur se défendra d’avoir écrit une pièce sur «le non-sens du monde actuel». Mais ce n’est pas une raison pour tomber dans l’insignifiance.

Il faut dire que le processus de création du PàP tient du spectacle-laboratoire, avec les forces et les faiblesses de ce genre d’entreprises. Claude Poissant a d’abord organisé des ateliers de recherche durant deux mois avec des comédiens et des concepteurs qui sont aussi de ses amis: Sébastien Ricard, Julie McClemens, Caroline Dardenne, Benoît Vermeulen, Mireille Brullemans, Reynald Robinson et Marie-France Lambert chez les interprètes; les scénographes Olivier Landreville et Guillaume Lord; Larsen Lupin à la conception sonore. Poissant a écrit ce texte autour de sujets choisis en brainstroming; thèmes aussi vastes et disparates que la mondialisation; l’urbanisation; l’Internet, le couple, la maternité, la langue, la paresse et le doute.

Un personnage central, Matthias, (Sébastien Ricard, un jeune acteur qui se débrouille du mieux qu’il peut avec un rôle casse-gueule) est apparu lors de ces ateliers. Il est devenu le pivot des Enfants d’Irène. «Un être très lucide qui veut être hors du système et dont le principal objectif dans la vie est de ne rien faire, de ne pas agir, pour mieux regarder le monde, pour mieux le critiquer», expliquait en entrevue le metteur en scène.

Le problème, c’est que le texte n’arrive pas à dégager un propos central ou une ligne dramatique. Le résultat donne donc un melting-pot assez décevant et plutôt ennuyant. Malgré quelques scènes intéressantes (entre autres, la séance de chat sur Internet entre Matthias et Angela (Marie-France Lambert), on nage le plus souvent dans la banalité (le rap anarchiste de Matthias) et le lieu commun. Les personnages lancent parfois des aphorismes un peu creux («rien faire demande beaucoup de courage; l’espoir doit espérer: voilà sa raison d’être»), passent à autre chose et puis s’en vont.

Avec son ton intimiste et ses préoccupations personnelles, Les Enfants d’Irène se rapproche d’une pièce antérieure de Poissant: Ce qui reste du désir. Et elle frappe le même écueuil: à trop vouloir être universel, on finit par se regarder le nombril…

Jusqu’au 25 mars

À la salle 2 du Théâtre Espace Go
Voir calendrier Théâtre