François-Étienne Paré : L'homme-objet
Scène

François-Étienne Paré : L’homme-objet

Mercredi soir prochain, François-Étienne Paré sera seul comme un seul homme. Sa création 16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci prendra l’affiche de la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui.

Mercredi soir prochain, François-Étienne Paré sera seul comme un seul homme. Sa création 16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci prendra l’affiche de la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui. Et puisqu’il s’agit d’un solo conçu, mis en scène et interprété par lui, la pression sera encore plus lourde sur les épaules du jeune comédien à la feuille de route aussi saugrenue que le titre de sa pièce.
Auteur, comédien (il était aux côtés de Luc Picard, l’an dernier, dans Lorenzaccio au Théâtre Denise-Pelletier), professeur, improvisateur à la LNI, Paré a obtenu une maîtrise en art dramatique à l’UQAM sur les différents procédés narratifs au théâtre. 16 et (3 fois 7) font 16… est d’ailleurs le résultat d’une recherche réalisée dans le cadre de sa maîtrise.
Le spectacle raconte les «traumatismes» d’Edgie Brown, un éternel angoissé coincé dans son adolescence, entre sa collection de pochettes de disques d’un groupe rock des années 70, et la vie dans une ville de la Rive-Sud. En fait, Brown a 37 ans, «mais il dit avoir 16 ans depuis 3 x 7 ans»! Qui plus est, au milieu de son curieux monologue truffé de citations de Jean Baudrillard (Le Système des objets), cet homme brun interprétera I’ll Be Your Mirror de Nico & The Velvet Underground.
Disons-le tout de suite: le texte de François-Étienne Paré est un des objets dramatiques les plus étranges produits cette saison. L’auteur dit avoir voulu traiter «de l’identité et du rapport tordu qu’entretiennent les individus face à l’idée de réussite sociale». «Nous vivons à une époque où, plus que jamais, le comportement est dicté par la société. La société actuelle rend difficile la création de l’identité. Chaque année, des étudiants qui ont tout pour réussir dans la vie se suicident sans raison apparente. Et cette question d’identité trouble est au centre de mon spectacle. Sur scène, je saute constamment d’un procédé narratif à un autre; par exemple, le personnage s’adresse directement au public, puis se parleà lui-même. Chaque fois que Brown change de procédé, la vérité sur son identité semble nous échapper.»
À l’instar du jeune comédien, le personnage de Brown est très beau, séduisant et performant. À première vue, il semble avoir tout pour être heureux. Pourtant, il reste incapable de s’affirmer; son identité est sa faille. «Plus jeune, reconnaît Paré, j’étais très gêné et angoissé. Je n’arrivais pas à prendre ma place dans la vie. Le théâtre m’a permis de m’ouvrir aux autres, de prendre conscience des émotions que je fuyais. Pour moi, jouer a été une expérience thérapeutique.»
Outre l’apprivoisement de ses monstres intérieurs, le concepteur espère approfondir une démarche formelle avec son solo: «Je veux abolir le quatrième mur, la frontière entre le public et l’acteur.»
Qui sait, peut-être arrivera-t-il à troubler l’identité de son public… ____
Du 22 mars au 8 avril
À la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
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