Manon Vallée : Passion à l'anglaise
Scène

Manon Vallée : Passion à l’anglaise

Un coup de foudre pour le grand Will. Voilà ce que Manon Vallée a ressenti en se frottant à sa première mise en scène d’un Shakespeare, il y a quelques  années.

Un coup de foudre pour le grand Will. Voilà ce que Manon Vallée a ressenti en se frottant à sa première mise en scène d’un Shakespeare, il y a quelques années. Depuis, la comédienne, auteure et metteure en scène ne vit que pour son Roméo, dont elle a monté plusieurs oeuvres lors d’ateliers donnés au Cégep de Saint-Hyacinthe. «Je l’aime parce qu’il tire le meilleur de mes deux passions: le théâtre et la philosophie. C’est un homme du peuple, comme moi, qui ne suis pas une universitaire», s’enthousiasme celle qui s’est fait connaître sur les scènes de Québec avant de s’établir à Montréal.

«J’éprouve une passion folle pour Shakespeare, et je ne suis pas la seule! Tous ceux qui l’aiment s’enflamment quand ils en parlent.» Selon elle, les fans de l’auteur le plus joué au monde éprouveraient un immense plaisir à discuter de l’objet de leur engouement. «Il y a plus de sites Internet consacrés à Shakespeare qu’à Madonna ou à toute autre star. Le seul qui le bat, c’est Jésus-Christ!» Manon Vallée s’est donc entourée de passionnés pour préparer la toute première représentation en français au Québec de Peines d’amour perdues.

Pourquoi cette aficionada de Shakespeare a-t-elle choisi de mettre en scène une comédie souvent qualifiée de mineure, voire faible, et réputée intraduisible? «C’est une suggestion du directeur du théâtre, Pierre Rousseau, qui avait vu cette pièce à Londres. Sa saison théâtrale est composée d’oeuvres dans lesquelles les héros sont jeunes. Peines d’amour perdues met en scène huit jeunes gens qui expérimentent l’amour.» Dans cette comédie, le jeune roi Ferdinand et trois de ses compagnons reçoivent la visite de la princesse de France et des trois demoiselles de sa suite. Bien qu’ils aient prêté le serment de renoncer à tous les plaisirs, les jeunes hommes feront une cour empressée à leurs visiteuses, qui se laisseront chanter la pomme jusqu’à ce qu’un drame interrompe leurs badinages amoureux. «Chacun n’aura pas sa chacune…», prévient Manon Vallée.

L’amour, la vie et la mort sont au centre de cette comédie shakespearienne bourrée de jeux de mots et écrite dans une langue imagée, traduite pour l’occasion par Maurice Roy. Dix-sept comédiens s’y poseront la question «Aimer ou ne pas aimer?».«La distribution est composée de gens de toutes les tendances, de toutes les écoles, de tous les âges. Je voulais donner du travail aux jeunes.» Les comédiens seront vêtus d’imposants costumes, confectionnés par Yvan Gaudin, un «patenteux extraordinaire», selon Manon Vallée; tandis que la scène sera dépouillée au maximum.
Sans avoir l’impertinence d’un Alexandre Marine, qui avait offert un Hamlet décoiffant l’an dernier, Manon Vallée souhaite communiquer en toute simplicité sa passion pour le dramaturge anglais au jeune public du Théâtre Denise-Pelletier. «Shakespeare, c’est Dieu! Il réussit à réunir le meilleur des deux mondes: celui de la tête et celui du coeur. C’est pourquoi les rois, comme le peuple, se retrouvaient dans son théâtre.» Reste à voir si les ados d’aujourd’hui se sentiront interpellés par cette pièce sur «l’amour de la vie dans la mort»…

Jusqu’au 8 avril
Au Théâtre Denise-Pelletier