Le Paradis mobile : L’amour à mort
La route aura été longue pour Pascale Rafie, qui a mis près de quatre ans à créer Le Paradis mobile, sa toute première incursion dans le monde de l’écriture dramatique pour adulte et de la mise en scène.
La route aura été longue pour Pascale Rafie, quatre ans pour créer Le Paradis mobile, sa toute première incursion dans le monde de l’écriture dramatique pour adultes et de la mise en scène. De passage, lors d’un laboratoire public, au Lion d’or en 1998, sa caravane s’arrête cette fois sur les planches du Théâtre Prospéro, avec une distribution différente et un texte retravaillé, s’éclatant toutefois avec la même énergie par le jeu, la danse et le chant.
Fable candide, Le Paradis mobile met en scène un quatuor féminin bien décidé à faire échec à la guerre en se servant de son unique arme: l’amour. Sissi (Roxanne Boulianne) et Zaza (Dominique Pétin), deux clowns plutôt portées sur la chose tirent la minuscule roulotte la Sainte, sensuelle et plus que centenaire Magda (France Castel), qui a conclu un pacte avec Mademoiselle la Mort (Louise Portal). En effet, si Magda réussit à dénicher l’homme le plus malheureux de la terre pour lui faire «l’Amour universel infini», la Grande Faucheuse capitulera et le monde entier se portera mieux. Commence alors la quête sur les champs de bataille…
Divertissement érotico-liturgique selon Pascale Rafie, cette fiesta théâtrale qui s’assombrit progressivement n’a rien de bien osé; elle aurait gagné à être plus audacieuse. Issue de la cuisse de Cabaret Neiges noires comme Dominic Champagne (ils en furent tous deux coauteurs), Pascale Rafie offre un théâtre-kermesse intéressant mais déjà vu, avec ses incontournables ambiances de cirque, envolées lyriques et musiques tziganes. Il faut dire que les créations donnant dans le théâtre-fête ou le théâtre-cérémonie ont poussé comme des champignons sur les scènes de la métropole au cours des dernières années…
Ce show de filles – outre Rafie, Brigitte Larochelle à la conception sonore et la musique ainsi que Mireille Leblanc pour les chorégraphies – aborde des thèmes universels comme l’amour, la haine et la guerre entre les pys et entre les sexes. Il étonne plus par la finesse de son écriture (quoique Rafie semble hésiter sur le ton à adopter) et la qualité du jeu de ses interprètes (Dominic La Vallée, Aubert Pallascio et Stéphane Théoret complètent la distribution) que par l’originalité de son propos. Roxanne Boulianne campe une attachante saltimbanque au coeur pur, tandis que Dominique Pétin incarne avec aplomb sa comparse vulgaire mais dévouée. Charismatique, France Castel joue et, surtout, chante avec une énergie communicative. Le reste de la distribution est à l’avenant, quoique Louise Portal offre une performance sans éclat. Sa Mort manque de vie!
De cette mise en scène sans surprises, retenons que la partie plus légère, parfois même hilarante, du spectacle est mieux réussie que son pendant plus sérieux composé de références à la guerre (quelle guerre?). Avec son Paradis mobile, Pascale Rafie offre une création proche parente de ce qu’offrait la troupe Il va sans dire il y a quelques années, à la fois fantaisiste, impertinente et, surtout, empreinte d’une touchante naïveté.
Jusqu’au 1er avril
Au Théâtre Prospéro
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