Mia Maure danse : L'oeil du cyclone
Scène

Mia Maure danse : L’oeil du cyclone

La plus récente pièce que Marie-Stéphane Ledoux signe avec Jacques Brochu se révèle sans doute le travail le plus ambitieux de leur compagnie Mia Maure danse. Et leur ultime collaboration.

Si Sur tes hanches comme montagnes emprunte au Pop Art, Marie-Stéphane Ledoux se défend bien de s’inscrire dans ce courant artistique des années soixante. Sa chorégraphie évoque aussi des gestes du quotidien, la danse contact et la danse formelle. Et pour nous intriguer encore plus, un léger parfum théâtral flotte au-dessus de la mêlée.
«C’est sûr qu’on n’invente rien, dit-elle d’entrée de jeu. Pendant deux ans, on a beaucoup lu sur les modes artistiques des années cinquante et soixante.» Cette pièce que Marie-Stéphane Ledoux signe en collaboration avec Jacques Brochu se révèle sans doute leur travail le plus ambitieux. Deux danseurs, un comédien et neuf danseurs semi-professionnels évoluent pendant une heure parmi des décors gonflables et des images vidéo. En plus, la troupe est entourée de spectateurs qui peuvent presque les toucher. «C’est super baroque notre affaire, poursuit la chorégraphe. C’est vrai qu’on aurait pu monter une pièce exportable avec de beaux costumes et une belle gestuelle. Mais on aime mieux flirter avec le happening ou la danse performance.»
Leur danse est baroque d’accord, mais l’esthétisme n’est jamais très loin. Pour la première fois de leur carrière, ils ont poussé à fond la machine chorégraphique. L’excellente Heather Mah et Claude Godin, autrefois de La La La Human Steps, interprètent trois duos d’une dizaine de minutes, «proches des spectacles de danse de l’Agora». Les danseurs semi-professionnels, eux, reprennent en choeur leurs mouvements. Finalement, le comédien Gaétan Nadeau récite ses textes à travers ce va-et-vient. «Le spectateur n’a pas le temps de réfléchir. C’est une danse psychédélique et en même temps poétique et critique, explique la chorégraphe. L’amateur qui connaît le Pop Art et le ready made décélera sans doute des références.»
Marie-Stéphane Ledoux et Jacques Brochu roulent leur bosse depuis une bonne quinzaine d’années. Formés au département de danse à l’Université Concordia, il ont fait partie d’un collectif de chorégraphes indépendants, Mia Maure danse, en même temps quePierre-Paul Savoie et Martine O’Leary. Presque dix ans plus tard, ils restent les derniers sur les rangs.
Ensemble, ils ont signé huit créations dont Les Figurants, une oeuvre hommage à Federico Fellini, interprétée par une bonne trentaine d’étudiants en danse. Malgré ses allures bric-à-brac, il se dégageait beaucoup de fraîcheur de cette pièce. «On ne serait jamais arrivés à créer seuls des projets d’envergure. Jacques prend principalement en charge la dimension visuelle. Moi, c’est la direction des interprètes et le rapport avec le texte qui m’intéressent.»
Parallèlement à la création, Marie-Stéphane Ledoux et Jacques Brochu enseignent la danse contact à l’UQAM, où ils sont aussi étudiants à la maîtrise. Sur tes hanches comme montagnes sera leur dernière aventure commune. «On a travaillé très fort depuis quatre ans et on a besoin d’une pause. C’est peut-être parce qu’on vit la crise de la quarantaine.» Mais à les voir aussi emportés par leur travail, l’envie de chorégraphier résistera sans doute à ce grand ménage de la quarantaine.

Du 23 au 26 mars
À Tangente
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