Franck Dubosc : Éloge de l'autodérision
Scène

Franck Dubosc : Éloge de l’autodérision

D’abord, j’aimerais lancer une invitation aux scripteurs de Piment fort: allez voir le show de Franck Dubosc toutes affaires cessantes. Vous constaterez qu’en humour, il y a les artistes et les pousseux de blagues. Franck Dubosc appartient résolument à la première catégorie.

D’abord, j’aimerais lancer une invitation aux scripteurs de Piment fort: allez voir le show deFranck Dubosc toutes affaires cessantes. Vous constaterez qu’en humour, il y a les artistes et les pousseux de blagues. Franck Dubosc appartient résolument à la première catégorie.
Disons-le franchement: depuis le show de Pierre Palmade, il y a quatre ans, aucun humoriste français ne m’avait fait autant rire. Après son passage remarqué l’été dernier au Festival Juste pour rire, réjouissons-nous que l’humoriste français soit de retour à Montréal ce printemps. Grâce au Groupe Rozon, il vient donner une version allongée et améliorée de son one man show, à la salle du Gesù, du 4 au 8 avril.
L’humour de Dubosc s’adresse à l’intelligence du public, non à ses bas instincts. Seul sur scène, le comédien incarne un personnage vaguement autobiographique bien que caricatural: un mythomane qui ment comme d’autres respirent; un macho très dragueur comme beaucoup de Français; bref, un croisement entre Jerry Seinfeld et le Capitaine Bonhomme. Tout le spectacle repose sur le récit que fait Dubosc des multiples péripéties que vit son personnage. «Je travaille beaucoup sur l’imaginaire, le pouvoir de l’imaginaire, affirme le principal intéressé, de passage dans les bureaux de Voir, la semaine dernière. Je n’ai pas de décor, pas de costumes ni d’effets spéciaux… Mais quand j’évoque une île déserte ou une rivière au Mexique, tout le monde se fait sa propre île ou sa propre rivière. Et c’est beaucoup plus fort que si on leur montrait une rivière sur la scène.»
Ce solo, écrit avec la complicité de son metteur en scène Arnaud Lemort, Dubosc l’a joué plus de cent cinquante fois à Paris et en province. Tel un work in progress, il peaufine constamment son matériel selon la réaction du public. C’est seulement depuis peu de temps qu’il avoue être entièrement satisfait de son produit. «Rien n’est laissé au hasard, dit-il, même les hésitations sont écrites. Bien sûr, comme bien des humoristes, e me permets parfois de sortir du texte et de faire un peu d’impro. Mais le texte est très solide.»
Franck Dubosc est arrivé à Montréal au milieu de la bombe Daniel Pinard et du débat sur les limites de l’humour au Québec. \Qu’en pense-t-il? «Le rire est une arme puissante. On ne peut pas rire de n’importe quoi. L’humoriste peut aussi éduquer son public en le faisant rire. En France, il y a des sujets qu’on ne touche pas. Par exemple, plus personne ne fait de blagues racistes. Pas parce que les artistes se censurent. Mais tout simplement parce que ça n’amuse plus personne. Dans mon spectacle, je parle d’homosexuels connus, mais ce n’est pas pour les ridiculiser. Je me moque du comportement de certains hétérosexuels envers les gais. Moi le premier. Je me ridiculise, finalement. Et je crois que l’autodérision est un élément essentiel et inépuisable en humour.»

Du 4 au 8 avril
Au Gesù
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