Daniel Lemire : Nouvelles brèves
Daniel Lemire amorce son one man show avec un traditionnel numéro de stand-up. Devant le panorama des gratte-ciel montréalais comme toile de fond, l’humoriste commente les absurdités des actualités. Une ouverture assez réussie, bien qu’on l’ait senti nerveux, jeudi dernier, soir de première très courue.
J’aurais tant voulu aimer le spectacle de Daniel Lemire… Après tout ce qui s’est dit sur l’humour récemment, je ne souhaitais qu’une chose pour clore le débat en me rendant au Théâtre Olympia: rire abondamment, et intelligemment, en regardant le septième one man show de l’humoriste le plus respecté du Québec.
Côté contenu, Daniel Lemire n’a pas déçu. Son nouveau spectacle se veut une féroce critique de notre village global et de l’écart croissant entre l’élite économique et la classe moyenne.
Après avoir fait défiler une série de manchettes d’un quotidien, Lemire amorce son one man show avec un traditionnel numéro de stand-up. Devant le panorama des gratte-ciel montréalais comme toile de fond, l’humoriste commente les absurdités des actualités. Une ouverture assez réussie, bien qu’on l’ait senti nerveux, jeudi dernier, soir de première très courue.
Ensuite, il enfile les sketchs avec des personnages inconnus ou familliers, tels Ronnie et Oncle George. D’un numéro à l’autre, les textes de Daniel Lemire sont résolument urbains avec une couleur socio-politico-économique: les profits des banques qui sont inversement proportionnels aux services à la clientèle; les discours incohérents du premier ministre Jean Chrétien; l’immoralité de l’industrie du tabac; la précarité de l’emploi; le sort des aînés; la détresse des ados; le problème du transport et l’engorgement des ponts, et autres bogues contemporains…
Bref, le monde selon Daniel Lemire ne tourne pas rond. Et l’humoriste a le courage de dénoncer le consensus social avec humour.
Le problème n’est donc pas dans le contenu mais dans la forme de ce spectacle de deux heures avec entracte. Les sketchs restent toujours en surface du sujet qu’ils touchent. Et les chutes sont, le plus souvent, carrément ratées. Lemire semble surfer d’un numéro à l’autre, alors qu’on aurait préféré qu’il nous fasse plonger dans la mer trouble de nos contradictions sociales. On aurait souhaité que l’artiste soit plus mordant, voire méchant, envers la bêtise u pouvoir qu’il attaque.
Visiblement, Lemire a manqué d’inspiration devant ces nombreux sujets abordés. Comme pour son Bye Bye qu’il a conçu seul en 1998 pour Radio-Canada, Lemire ne s’est pas entouré de nombreux scripteurs pour son dernier show. Dans le programme, on fait seulement mention de Jean-Pierre Plante «pour \sa complicité aux textes». Pour un spectacle au contenu dense et qui ratisse aussi large, cela me semble fort peu. Qui plus est, Lemire a confié la mise en scène à Michel Côté. Un excellent comédien mais un metteur en scène débutant. Et, hélas, ce dernier n’est pas arrivé à rehausser la faiblesse de certains numéros.
Au Théâtre Olympia
Jusqu’au 15 avril
En supplémentaires du 26 au 29 avril et du 10 au 27 mai
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