WC : Lieu d’aisance
À quoi peut ressembler une pièce de théâtre se déroulant dans une salle de toilettes publique? Nous l’avons demandé à BRIGITTE POUPART, une des conceptrices du spectacle WC qui, présenté en tournée après avoir été joué à Ottawa et à Montréal, s’arrêtera bientôt à Québec.
Il y a deux ans, Marie Michaud et Brigitte Poupart ont uni leurs talents dans cette aventure de création; elles ont conçu, écrit et mis en scène le spectacle WC, à partir d’une idée de Marie Michaud. Les deux artistes voulaient explorer les possibilités dramatiques et théâtrales de ce lieu. Utilisant la méthode des cycles repère, dont s’inspire la compagnie du même nom avec laquelle Marie Michaud a longtemps collaboré, notamment pour La Trilogie des dragons, elles ont choisi la salle de toilettes publique pour femmes comme point de départ de la création.
À partir de cette «ressource sensible», elles ont imaginé plusieurs scènes; menant chacune des situations retenues jusqu’à son extrême limite, elles en ont tiré quelque chose de théâtral. «Nous avons voulu pousser la réalité jusqu’à l’absurde», explique Brigitte Poupart. Les conceptrices voulaient éviter le réalisme, l’atmosphère «propos et confidences». Multipliant les courtes scènes, misant beaucoup sur la gestuelle et stylisant les mouvements, elles ont évité le piège du naturalisme.
Le résultat? un spectacle fantaisiste, parfois drôle, parfois dramatique. WC se compose de 17 tableaux, brefs moments de la vie d’inconnus défilant sous nos yeux dans ce «lieu de refuge et de passage». Se succèdent des personnages de tout âge, toute condition: une femme et sa mère, un couple en chicane, un transsexué, une employée de bureau, un concierge… L’unité du spectacle s’opère bien sûr par le lieu, et à travers certains personnages, dont le concierge, et un «choeur de femmes» qui intervient souvent de façon surprenante.
Le spectacle exige beaucoup des interprètes. Jeu physique, changements rapides de ton et de personnages – donc de costumes: «c’est très sportif», commente en riant Brigitte Poupart. Elle joue dans la pièce, partageant la scène avec une équipe solide: Lorraine Côté, Sylvie Drapeau, Julie McClemens, Michel Monty, Line Nault, Jean Turcotte. Jusqu’ici, des publics très différents s’intérssent à la production, au grand plaisir de l’artiste. «Leurs réactions sont assez variées», dit-elle: de la pudeur à la curiosité, au rire et à l’ovation debout.
Après les revendications très importantes des années 70, WC est un spectacle «non pas féministe, mais éminemment féminin», précise la comédienne. «On ne sent plus le besoin de revendiquer, de manifester. On parle des femmes, de notre vie, en montrant des situations actuelles.» Elle poursuit: «J’apprécie avoir eu l’espace pour faire ça, en tant que femme; les gens y ont cru.»
Et le résultat semble emballant: «Ce spectacle-là, c’est comme un gros "party". En coulisses, on échange des sourires; c’est un peu l’euphorie», s’exclame-t-elle. «C’est dynamique, c’est motivant. C’est une bouteille de champagne ce spectacle-là: ça pétille!»
Du 18 au 22 avril
Au Théâtre Périscope
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