Série Big-Bang : Jeunesse d'aujourd'hui
Scène

Série Big-Bang : Jeunesse d’aujourd’hui

Avec la nouvelle série Big-Bang, Montréal Danse souhaite donner un coup de main à la carrière de jeunes chorégraphes. Carte blanche à Jean-Pierre Mondor, Estelle Clareton et Dominique Porte.

Depuis sa fondation en 1986, Montréal Danse a toujours cherché à renouveler son répertoire. La compagnie a dansé à une certaine époque des oeuvres de chorégraphes comme James Kudelka, Jean-Pierre Perreault, Ginette Laurin ou encore Natsu Nakajima. Plus tard, elle a innové en invitant la metteure en scène Paula de Vasconscelos à chorégraphier pour ses danseurs qui souhaitaient alors une gestuelle théâtralisée.

Avec sa nouvelle série Big-Bang, la directrice artistique de Montréal Danse, Kathy Casey, souhaite donner un coup de main à la carrière de jeunes chorégraphes. Hasard ou choix délibéré, ces chorégraphes, qui ignorent tout de la création des collègues invités, ont monté des pièces en angle parfait avec les goûts éclectiques de la compagnie. Jean-Pierre Mondor signe du théâtre dansé pour cinq interprètes. Estelle Clareton présente un duo inspiré de La Cantatrice chauve d’Ionesco. Dominique Porte se démarque du lot par une danse abstraite conçue pour quatre danseurs. Leur point commun: l’utilisation des mots. «En approchant Estelle et Jean-Pierre, je savais que le théâtre serait valorisé. Étrangement, Estelle s’en est le plus éloignée, alors que Dominique s’en est rapproché.»

L’unique consigne de départ qui fut donnée aux chorégraphes le nombre de danseurs. Pour le reste, ils ont eu carte blanche. Un cadeau. «C’était la première fois que je créais sans me préoccuper des questions administratives ou de marketing. Cela fait un bien énorme d’avoir la tête libre pour la création», raconte Estelle Clareton. Cette ancienne danseuse d’O Vertigo, qui chorégraphie depuis cinq ans, compare l’expérience de Montréal Danse avec un atelier chorégraphique. «J’étais comme en apprentissage, dit-elle. C’est facile pour moi de créer des mouvements. Le plus difficile, c’est de leur donner un sens.» Son duo, Je ne m’en souviens pas très bien, porte sur le sentiment de la perte et de la chute, un thème récurrent de son répertoire. Les danseurs Maryse Carrier et Daniel Firth incarnent des personnages nostalgiques ou absurdes. «J’ai d’abord fait enregistrer le texte par deux comédiens. Par la suite, j’ai imaginé, avec les danseurs, les mouvements à partir du rythme du texte. Puis, j’ai cessé d’utiliser les paroles. C’est devenu alors un dialogue gestuel qui me rappelle l’une de mes chorégraphies, Adesias

Dominique Porte n’a jamais autant créé que cette année. Outre le trio Cortex, présenté au programme officiel du FIND, la chorégraphe d’origine française, autrefois danseuse pour Marie Chouinard et José Navas, a imaginé quatre pièces, dont une pour seize danseurs issus des Ateliers de danse moderne de Montréal. Même si elle ne conçoit ses pièces que depuis quelques années, on l’associe avec les chorégraphes établis. Comme Jean-Pierre Mondor et Estelle Clareton, elle savoure son expérience de travailler avec quatre excellents danseurs qui ne demandent qu’à explorer de nouvelles avenues. «Ce qui m’a frappée au départ, c’est qu’ils semblaient exister les uns par rapport aux autres. J’ai eu envie de les isoler, d’explorer leur spécificité.» Solitudes confirme la voie qu’elle entend suivre à l’avenir: concevoir une danse abstraite ciselée et précise, très proche de la «rigueur mathématique».

C’est dans l’oeuvre de Jean-Pierre Mondor que la troupe de Montréal Danse se rapproche le plus du théâtre. Le chorégraphe évolue ici en terrain connu. À la fin des années 80, il a été danseur pour Montréal Danse. C’est même là qu’il a réalisé ses premiers pas de chorégraphe. À partir d’un texte écrit par chaque danseur, le chorégraphe a conçu cinq solos. «C’est une chorégraphie difficile car les danseurs doivent à la fois réciter et danser, explique Jean-Pierre Mondor. Ce procédé n’est pas nouveau pour moi, je l’ai utilisé dans mes deux précédentes pièces.»

La série Big-Bang sera présentée sur deux longs week-ends à Tangente. Pourquoi avoir choisi une si petite salle? «Parce que je l’adore. On a l’impression d’assister à un spectacle en privé», explique Kthy Casey. La directrice artistique de Montréal Danse est tellement enthousiaste du travail de ses invités que leurs oeuvres sont déjà inscrites à la prochaine tournée de la compagnie. La série devrait être bisannuelle. «La prochaine fois, on prendra un risque encore plus grand!»

Du 3 au 14 mai
Espace Tangente
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