Agnus Dei : Un homme et son péché
Tandis qu’il achève sa tournée avec Ex Machina dans la Géométrie des miracles, DANIEL BÉLANGER reprend avec un regard neuf Agnus Dei, une pièce qui marie danse et théâtre.
Un prêtre abuseur d’enfants: peut-on imaginer personnage plus antipathique? Pourtant c’est un sujet qui fascine, fait remarquer Daniel Bélanger. «Quand on apprend ça dans les journaux, il n’y a personne qui passe par-dessus. On va tous s’arrêter… Ce que je voulais, c’est que les spectateurs se sentent voyeurs de ce personnage-là.» Certains le détesteront, d’autres auront pitié de cet homme malade mentalement.
Ceux qui ont déjà vu Agnus Dei il y a deux ans à la salle Multi se souviendront de la subtilité avec laquelle le drame est évoqué. Au fil des tableaux, on assiste à la mise à nu du personnage, au propre et au figuré. La performance de Bélanger tient autant de l’interprétation théâtrale que de la danse. Seul en scène, le danseur suggère la présence d’enfants par l’utilisation des accessoires. Il fait d’ailleurs un usage particulièrement imaginatif des éléments scénographiques. En beaucoup plus modeste, on reconnaît la touche de Robert Lepage, qui agit comme conseiller dramaturgique.
La reprise d’Agnus Dei donne à son concepteur l’occasion d’amener la pièce là où il le désirait, grâce notamment à de nouveaux collaborateurs. Comme oeil extérieur, il a eu recours à un chorégraphe qu’il admire particulièrement pour sa création de personnages: Paul-André Fortier. «Quand il a vu la pièce, il a dit: "Il faut enlever les parasites.", se rappelle-t-il en riant. Il y avait une grosse partie de la première partie que j’aimais moins. Ça s’est clarifié. C’est bien meilleur au point de vue du mouvement.» Les gestes du quotidien, en particulier tous ces tics qui trahissent la pathologie de l’abuseur, devraient donc mieux s’intégrer aux mouvements plus stylisés. «Par exemple, juste attacher les boutons de sa robe va devenir quelque chose de bien précieux», dit Bélanger.
Le prêtre est toujours enfermé, mais ce n’est plus en prison. Le studio blanc de La Rotonde rappelle davantage une maison de thérapie. L’ambiance que dégage ce lieu plaît au danseur: un homme tordu dans un décor pur. Prjetée sur le décor, la nouvelle bande vidéo de Stéphane Houle et Steve Asselin permet de superposer un deuxième personnage à celui présent sur scène.
À la suite de son expérience dans la Géométrie des miracles, Daniel Bélanger souhaite plus que jamais continuer son travail sur cette voie danse-théâtre, un médium qu’il juge démocratique. Il projette d’ailleurs de travailler avec des comédiens dans ses prochaines pièces. «Je veux que ma danse aille vers le public, qu’il soit touché d’une façon ou d’une autre et qu’il lui reste des images longtemps après.»
Du 11 au 20 mai
À La Rotonde
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