Peggy Baker : Choc de culture
Partout où elle s’est produite, la critique a louangé le charisme extraordinaire tout comme la sûreté et l’élégance de PEGGY BAKER. L’Agora de la danse reçoit dans quelques jours la danseuse torontoise qui interprétera un solo de Paul-André Fortier: Loin, très loin.
L’Agora de la danse reçoit dans quelques jours Peggy Baker. La Torontoise interprétera une création solo de Paul-André Fortier, Loin, très loin. Ce spectacle nous permettra d’assister à la rencontre de deux écoles de danse absolument différentes. «On n’a presque rien en commun, raconte Paul-André Fortier. Le parcours de Peggy est différent du mien. Elle a appris la danse à New York alors que moi j’ai commencé au Groupe de la Place Royale. Ce qui nous intéressait, c’était comment j’allais travailler avec un corps formé à une autre école et comment, elle, allait s’approprier mon travail tout en respectant ma signature?»
Bien sûr, ces deux artistes n’en sont pas à leurs premières armes. Ils flirtent avec le risque depuis longtemps. On se souvient qu’en janvier, Paul-André Fortier avait présenté à l’Agora de la danse ses principaux succès solos. Un tour de force pour ce danseur dans la cinquantaine. Peggy Baker et Paul-André Fortier se connaissent depuis un quart de siècle. Leur collaboration n’a toutefois pris son élan qu’au début des années 90 avec le solo Non coupable. Quelques années se sont écoulées avant que Fortier ne fasse de nouveau appel à son talent. Peggy Baker a accepté d’être de l’aventure de La Part des anges, aux côtés de Giaconda Barbuto, Robert Meilleur et Paul-André Fortier, voilà trois ans. «J’aime son sens de l’humour et la poésie de sa danse», dit-elle simplement.
Le curriculum vitae de cette danseuse formée aux techniques Graham et Limon impressionne. Elle fut membre fondatrice puis directrice artistique de la compagnie torontoise Dancemakers. Puis, pendant quelques années, elle a dansé pour le New-Yorkais Lar Lubovitch – où elle y a appris, à 28 ans, la technique classique – et a fait partie de la tournée du White Oak Dance Project, sous la gouverne de l’Américain Mark Morris.
Depuis le début des années 90, Peggy Baker se consacre à une carrière de danseuse solo. Elle livre ses propres créations ou les créations de chorégraphes de sa génération comme James Kudela, Mark Morris ou encore Molissa Fenley. Depuis quelques années, elle monte des spectacles de danse-concert en collaboration avec le pianiste Andrew Burashko.
Partout où elle s’est produite, la critique a louangé son charisme extraordinaire tout comme la sûreté et l’élégance de son geste. C’est non sans raisons que de nombreux danseurs suivent avec assiduité les stages de formation qu’elle donne à l’occasion à Montréal. Lorsque Peggy Baker se produit sur une scène, toute la communauté de la danse occupe les premiers rangs. Pas de doute, c’est une grande, très grande danseuse.
L’évolution de la création ne cesse d’émerveiller Peggy Baker. «Au départ, j’avais demandé à Paul-André de danser des extraits de son répertoire. Puis, il m’a proposé de créer un solo», raconte-t-elle. L’idée d’occuper seule une scène pendant une heure terrifiait la danseuse. Elle a en effet l’habitude d’interpréter plusieurs courtes pièces en une seule soirée. «C’était aussi terrifiant pour moi, relance Paul-André Fortier. Travailler avec une danseuse d’un tel calibre peut vite devenir un handicap. Je dois apprendre à communiquer pour mieux la comprendre.»
Pour Peggy Baker, Loin, très loin survient comme une incartade dans son univers influencé surtout par la musique de John Cage. Elle s’y est investie avec l’enthousiasme d’un enfant en donnant carte blanche à son chorégraphe invité. Fortier s’est alors entouré de ses collaborateurs habituels: Gaétan Leboeuf à la conception musicale, Carmen Alie et Denis Lavoie aux costumes. Le compositeur a créé une musique électrique. «Ces temps-ci, on répète pour la première fois avec la musique, explique la danseuse. Et à chaque nouvelle séquence chorégraphique, je découvre un air tout à fait étonnant.»
L’étonnement devrait aussi se lire sur le visage des spectateurs. «Je montre des facettes inconnues de Peggy tout comme elle montre des facettes inconnues de mon travail, souligne Paul-André Fortier. Elle interprète ma danse avec un accent, c’est ce qui fait tout son chame.»
Après l’Agora de la danse, ce sera au tour du Festival Canada Danse à Ottawa de recevoir Loin, très loin. Déjà Peggy Baker a une petite idée de quoi sera composé son prochain spectacle. Elle fera de nouveau un récital de danse-musique, le nez collé au public. «Une autre grande différence entre elle et moi, c’est qu’elle connaît en détail son prochain projet alors que je ne sais qu’approximativement de quoi aura l’air le mien, dit Paul-André Fortier en souriant. Je travaillerai sans doute avec un jeune danseur.»
Pourquoi ce titre Loin, très loin? «Il résume le parcours de Peggy depuis le début de la création. Elle semble avoir traversé un océan, être allée très loin dans son travail d’interprétation…»
Du 17 au 27 mai
À l’Agora de la danse
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