La Salle d'attente : Sexe et confidences
Scène

La Salle d’attente : Sexe et confidences

Dans cette création adaptée d’un court roman érotique, Dandurand interprète une érotomane à la mine renfrognée, à l’allure drabe et aux fantasmes étonnamment épicés. Une matante en chaleur que torturent des «pensées inavouables»…

Peut-on éprouver du plaisir dans une salle d’attente? Dans le cadre d’un atelier présenté à l’Espace Libre, Anne Dandurand tente de nous prouver que oui, à condition de laisser sa pudeur au vestiaire… Dans cette création adaptée d’un court roman érotique, Dandurand interprète une érotomane à la mine renfrognée, à l’allure drabe et aux fantasmes étonnamment épicés. Une matante en chaleur que torturent des «pensées inavouables»…
La Salle d’attente s’ouvre sur un avertissement rigolo: «Mesdames et messieurs, veuillez vous mettre à votre aise et détacher toute pièce de vêtement trop serrée»! Entre alors en scène une femme hantée par un esprit lubrique, Érato (Alexandrine Agostini), qui chuchote à la première mille et un scénarios XXX au creux de l’oreille. Notre héroïne tentera de reprendre le contrôle de son imaginaire… tout en feuilletant d’un air détaché des dépliants (non illustrés, bougonne-t-elle!) sur le condom.
Divisée en cinq mouvements, la création est construite à partir de petites histoires qui s’imbriquent difficilement les unes dans les autres. Avec des mots, des mots, des mots, puis des synonymes, et ensuite une pelleté de métaphores, Dandurand tente de titiller le public en lui en disant beaucoup, mais en lui montrant bien peu de choses. Ce que l’on verra, en fait, c’est une femme qui pense, et sa muse, qui lui dicte ses songes pervers. Quelques moues, un air suspicieux, un corps qui se cambre ou se recroqueville… il y en a bien peu pour l’oeil dans cette orgie littéraire où l’on a (presque) l’impression de se faire mimer des nouvelles érotiques…
De plus, les fantasmes racontés par Érato, puis par Dandurand elle-même, frôlent à quelques reprises le ridicule, comme lorsqu’elle imagine sa rencontre avec un chasseur – «avant l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique» -, qu’elle surprend se masturbant dans une forêt et qu’elle fera captif, dans une caverne… Ces récits érotico-kitsch contiennent, à d’autres occasions, quelques pointes d’humour, par exemple lorsqu notre héroïne raconte comment un spectateur hardi, assis juste derrière elle au théâtre, a glissé un pied entre ses fesses lors d’une pièce particulièrement ennuyante!
Il y a tout de même, dans ce spectacle lourd, voire asphyxiant, de beaux moments offerts par le musicien Pierre Tanguay, qui joue discrètement de divers instruments sur scène, et par les comédiennes – particulièrement Anne Dandurand, avec son air coupable et ses lunettes à effet de loupe. Mise en scène avec plus de rigueur, cette Salle d’attente trouverait peut-être le souffle et la volupté qui lui font défaut…

Les 21 et 22 mai à 20h30
À la salle de répétition de l’Espace Libre

Voir calendrier Théâtre