Les Coups de théâtre : Tour du monde
Scène

Les Coups de théâtre : Tour du monde

Pour célébrer ses dix ans, le festival Les Coups de théâtre offre dix jours de joyeux sprint aux Montréalais avec une programmation qui touche aussi la musique, la danse et les arts  visuels.

Le revoilà, du 28 mai au 6 juin, le sympathique petit festival! Petit? Que le public haut comme trois pommes des Coups de théâtre ne nous trompe pas: avec 23 spectacles, des lectures et conférences, le Rendez-vous international de théâtre jeune public, qui a lieu les années paires (en alternance avec le Festival de Théâtre des Amériques), propose de gros morceaux, de grands artistes, et un large éventail de démarches créatrices.
«Né il y a dix ans d’un désir d’ouverture, le festival veut créer des ponts entre les artistes, mais aussi entre le théâtre et les autres disciplines», déclarait le fondateur et directeur Rémi Boucher en conférence de presse, la semaine dernière. La programmation qu’il a dévoilée pour cette édition anniversaire se veut à l’image de cette mission. Ainsi, la musique (avec au moins cinq productions), la danse et les arts visuels sont de la fête. Des compagnies du Japon, du Danemark, de Suisse, de Belgique, de France, de Suède, des Pays-Bas et du Chili côtoieront celles du Québec sur onze scènes. De la grande visite pour les petits…
Pour célébrer leurs dix ans, les Coups de théâtre offrent donc dix jours de joyeux sprint aux festivaliers, guère accessible, hélas! pour les «pôvres» qui travaillent, car la plupart des représentations, jeunes spectateurs obligent, sont diurnes… Ils devront se rabattre sur la fin de semaine et faire des choix difficiles. Tentons un survol de cette programmation qui se bouscule dans la grille-horaire.
Rémi Boucher se dit très fier d’ouvrir le festival avec La Jeune Fille, la maman et la poubelle, de la compagnie Unga Klara, et de faire découvrir ici le travail de la metteure en scène et réalisatrice suédoise Suzanne Osten, pour la première fois sur le continent américain. Celle qu’il décrit comme «la Peter Brook du théâtre jeune public» dirige l’une des deux compagnies d’État en Suède, et dispose donc de moyens pour créer un théâtre «dérangeant», souvent au coeur de la controverse. (La Cinémathèque présentera une rétrospective de es films pour adultes.)
Le directeur artistique a raison de se réjouir également du retour de la merveilleuse compagnie Stella den Haag, qui avait remporté la faveur des festivaliers il y a quatre ans, et gagné le Z’bing d’or qui, à l’époque, couronnait le meilleur spectacle. Il est heureux que ces créateurs des Pays-Bas reviennent promener par ici leur intelligence feutrée du monde de l’enfance, avec Le Petit de la chèvre, évoquant les émotions d’un enfant quand maman tombe amoureuse.
Du Japon, la compagnie Hitomi-za donnera un spectacle de marionnettes, Ge Ge Ge no Kitaro, dont les personnages mi-hommes, mi-bêtes sont tout droit sortis de dessins animés pour raconter une histoire musclée de bombe et de monstre. De Suisse, nous arrivent aussi de petites marionnettes (Portofino Ballade du Théâtre en gros et de détail) et de grands personnages de papier (Histoires de visages, one woman show d’Horta van Hoye).
En provenance du Chili et du Danemark, qui visitent le festival pour la première fois, deux relectures de classiques: Viaje al Centro de la Tierra (Voyage au centre de la terre) de Jules Verne, par La Troppa, un spectacle que l’on dit d’une grande prouesse technique; et Hansel and Gretel, revisité par le théâtre musical du Egnsteatret Gruppe 38.
Pour achever ce tour du monde, on pourra assister à la création de [email protected]., du Québécois André Jean, une coproduction du Théâtre La Seizième de Vancouver et du CNA, qui raconte l’histoire d’un «nerd» ambitieux.
Si tous ces visiteurs chatouillent notre curiosité, empressons-nous de signaler que le pays hôte n’est pas en reste avec douze productions, dont la moitié sont des créations fort attendues. Le Théâtre de Quartier créera une pièce de Louis-Dominique Lavigne, Les 2 Soeurs, dans une mise en scène de l’auteur: lorsque l’aînée marche vers l’adolescence, et que la petite reste dans le monde de l’enfance. DynamO Théâtre donnera quant à lui la première montréalaise de son nouveau spectacle (en copoduction avec le CNA) de théâtre crobatique, Lili, un texte de Lise Vaillancourt.
Tout juste après sa création au Carrefour de Québec, le Théâtre des Confettis nous apporte Amour, délices et ogre, conçu, mis en scène et scénographié par Claudie Gagnon. Il s’agit d’un spectacle-installation, sans paroles, dans un environnement sonore signé Frédéric Lebrasseur.
Pour les bambins de quatre ans familiers avec la langue de Shakespeare, Geordie Theatre Productions donne The Paperbag Princess and other stories, adaptation de l’oeuvre de l’auteur jeunesse bien connu Robert Munsch.
Signalons deux spectacles dont on précise qu’ils sont présentés en «chantier public», mais qui ne seront sûrement pas laissés pour compte. D’abord, le tout dernier texte d’Anne Hébert, L’Arche, sera mis en scène par Alice Ronfard, sur une musique d’Isabelle Panneton. Cette coproduction du Nouvel Ensemble Moderne et des Coups de théâtre est une heureuse initiative de Rémi Boucher, qui a demandé un livret d’opéra pour les jeunes à la grande dame de la littérature, parce qu’il trouvait «ses personnages d’enfants… "chargés de songes"», a-t-il joliment indiqué. Sur le second «chantier» s’affaire un duo qui promet: Le Magasin des mystères (nouvelle administration), texte et musique de Joël da Silva, sera monté par Alain Fournier.
Toujours en musique, La Maîtresse rouge propose un quatuor à cordes féminin. Ce spectacle du Moulin à Musique est écrit et mis en scène par le même Joël da Silva, mais la musique est d’Alain Dauphinais.
En danse, trois spectacles pour ados: Jeux de fous de Paul-André Fortier; Trinité de Catherine Tardif, Jacques Moisan et Harold Rhéaume; et Le Soleil des innocents, de la Compagnie du Sillage (France), venue il y a deux ans.
Quoi encore? Des reprises des spectacles québécois Tsuru (Carbone 14), L’Arche de Noémie (Théâtre Bouches Décousues) et Le Royaume des Chus (Bluff Productions).
L’Usine C sera le centre nervex du festival, pour les échanges, les trois forums (sur l’interdisciplinarité, la danse et la diffusion en Europe depuis la chute du Mur) et la billetterie.

Du 28 mai au 6 juin
Voir calendrier Théâtre jeunesse