Youtheatre : Le choc du futur
Scène

Youtheatre : Le choc du futur

Encore une fois, l’emballage promotionnel s’est paré de ses atours les plus aguichants: «l’événement multidisciplinaire de la saison», «impressionnant laboratoire vivant», annonce-t-on. Disons d’emblée que «l’événement» du Youtheatre n’a rien de bien «impressionnant».

Encore une fois, l’emballage promotionnel s’est paré de ses atours les plus aguichants: «l’événement multidisciplinaire de la saison», «impressionnant laboratoire vivant», annonce-t-on. Disons d’emblée que «l’événement» du Youtheatre n’a rien de bien «impressionnant». Avec MTL 2000, les ados assistent dans le hangar no 16 du Vieux-Port à une manifestation ambitieuse dont le propos est de montrer les infinis possibles de la science et des nouvelles technologies mais aussi, surtout, les questions d’éthique ainsi soulevées.

Comme on s’y attend, les musts du «multi» nous assaillent dès qu’on pénètre dans l’immense hangar: une vingtaine de téléviseurs sollicitent l’oeil en le saturant d’images abstraites, tandis que des projections lumineuses balaient le sol au rythme d’un assourdissant environnement sonore. Puis, après le discours d’un professeur, directeur d’un institut de recherche scientifique, le public est divisé en deux groupes pour visiter les laboratoires.

On déambule ainsi, sous la protection de deux agents de sécurité (Gareth A.J. Potter et François Chiesurin), dont on a appris qu’ils étaient branchés, grâce à une puce, à l’ordinateur central de l’institut, «cerveau» qui s’affranchira et ébranlera le prétendu pouvoir de la science. Mais ce n’est qu’au prix de grands efforts auditifs que l’on saisit les enjeux de la pièce, puisque les dialogues entrent en concurrence avec le fond sonore, les déplacements laborieux du public, les chutes d’eau que l’on traverse on ne sait trop pourquoi. La moitié du texte se perd dans l’espace intersidéral du hangar… Les pauvres comédiens passent donc leur temps à crier. Des personnages mal définis se succèdent, selon une structure dramatique des plus confuses. Le texte d’Ed Roy (traduit par Robert Vézina) nous perd; on accroche ici et là une réplique qui nous éclaire; on finit par comprendre que la tension monte entre les employés et le directeur, notamment que l’un d’eux est à la recherche de son identité et découvre qu’il et un clone.

D’un îlot à l’autre, intelligence artificielle, génétique, astrophysique, nucléaire et monde virtuel font l’objet de présentations évidemment superficielles. C’est long avant qu’on touche le coeur du spectacle: nous mettre en garde contre la perte de contrôle de l’homme sur la science. L’idée est loin d’être inintéressante, en particulier pour des jeunes de l’an 2000. On verra ainsi une fille suspendue dans un harnais, branchée de partout, secouée de spasmes: une triste victime, explique-t-on, de la dépendance au monde virtuel. Le jeu vidéo que l’on a testé sur elle avait d’abord été utilisé par l’armée… La volonté de dénoncer, de jeter un regard critique sur les avancées de la science est louable, certes. Comme également quand l’ordinateur harcèle le professeur qui vante les mérites des recherches pour retarder le vieillissement: cela servira-t-il uniquement une classe de gens, les riches? Et, avec le clonage, tentera-t-on de créer une race «pure»? Qui écopera? Autant de questions fort pertinentes, et qui auront peut-être fait réfléchir les jeunes.

Malheureusement, les problèmes d’acoustique, la distraction causée par un théâtre ambulant peu adapté à ce public, et un texte éparpillé, tout cela fait de MTL 2000 une expérience pas très convaincante. Et même désagréable, à la fin, lorsque le professeur invite le public à quitter l’institut, et que nous sortons donc, quelques-uns risquant des applaudissements. De toute façon, les comédiens s’éloignent sans attendre leur reste, disparaissant au fond du hangar. Accueilli froidement (un mot de «bienvenue» peu engageant de la part du directeur et metteur en scène Michel Lefebvre), le public est congédié sans qu’on lui demande son appréciation. Et on vantera ensuite, auprès des jeunes la chaleur de l’art théâtral!

Jusqu’au mois d’août
Au hangar no 16 du Vieux-Port