Basil Twist : Histoire d’eau

L’Américain Basil Twist aime bien nager à contre-courant. De passage à Montréal dans le cadre du Festival Juste pour rire, le marionnettiste de 31 ans nous promet du "jamais-vu": un spectacle abstrait d’une heure, sans personnages ni histoire, porté par de minuscules marionnettes. "C’est ambitieux et mégalo!" s’esclaffe-t-il. On le comprend de se marrer. Décrite comme une "féerie musicale sous-marine" et comme "un concert de formes, de couleurs et de mouvements", sa création se déroule dans un réservoir de 1000 gallons d’eau où s’agitent des formes et des lumières au son d’un enregistrement de la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz. Des pantins délirants dans un aquarium psychédélique? Le passage de Basil Twist III – croyez-le ou non, c’est son vrai nom! – pourrait provoquer une véritable onde de choc…
"Mes marionnettes sont non figuratives, sans références au corps humain. Ce sont des formes faites de tissu, de plastique, de caoutchouc, de miroirs, de plumes, de lumières et de bulles", explique, dans un français quasi impeccable, le tout premier diplômé américain de l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette en France. Cette idée saugrenue est née quand il s’est retrouvé nez à nez avec un aquarium brisé dans une rue de New York.
Twist a choisi de créer son ballet aquatique à partir de la très romantique Symphonie fantastique, "une oeuvre théâtrale et mystérieuse, constituée de cinq mouvements complètement différents". Dommage que le marionnettiste ait dû se rabattre sur un enregistrement pour accompagner son spectacle. "Je n’ai pas les moyens de payer pour l’énorme orchestre qu’il faudrait pour jouer cette oeuvre live, se défend-il. Et de toute façon, il serait ridicule, à côté de mes toutes petites marionnettes!" Plus que de la musique, Twist est fier des "effets spéciaux low-tech" concoctés dans son aquarium de trois mètres par un mètre et demi – la moitié est invisible et sert de coulisses sous-marines – à l’aide de courants, de lumières et de bulles. Ce spectacle, très visuel et pour toute la famille, sera présenté devant un public restreint: cent spectateurs tout au plus chaque soir.
Jouée à New York, San Francisco et Washington, la Symphonie fantastique de Twist a vu le jour… dans la piscine de grand-maman Twist. Le jeune homme, dont la mère et le grand-père étaient marionnettistes, s’y est livré à d’humides expériences dans le but de renouveler un art qu’il juge trop sage. "En Europe, j’ai vu beaucoup de spectacles, avec des histoires différentes, mais toujours le même style. Il n’y avait rien d’abstrait, se désole Twist. Je voulais tellement voir cela que je l’ai créé! Dans la Symphonie, il n’y a pas de texte, pas d’histoire, pas de sens. Les gens sont étonnés par les images qui leur sont proposées, et ça les fait rire!" Pas étonnant qu’un critique américain ait qualifié ce spectacle de wet dream…
"On ne voit pas les cinq marionnettistes. Je souhaite que les gens se perdent dans les images et la musique, et non qu’ils réfléchissent au comment. Je suis comme un magicien: je veux garder l’illusion." Bon joueur, il invitera tout de même en coulisses ceux qui le désirent, après le spectacle, pour leur faire prendre un petit bain de réalité…
Du 12 au 30 juillet
À la salle du Maurier du Monument-National
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