Gad Elmaleh : La Comédie humaine
Scène

Gad Elmaleh : La Comédie humaine

Pendant deux mois, Gad Elmaleh a mené une éreintante double vie: acteur de cinéma le jour (il tourne La Vérité si je mens, numéro deux), il déridait les Parisiens le soir, grâce à son second one-man-show, La Vie normale. La sienne, avouons-le, n’a rien de très ordinaire…

Pendant deux mois, Gad Elmaleh a mené une éreintante double vie: acteur de cinéma le jour (il tourne La vérité si je mens, numéro deux), il déridait les Parisiens le soir, grâce à son second one man show, La Vie normale. La sienne, avouons-le, n’a rien de très ordinaire…
Elle est en tout cas révélatrice du statut dual qu’a acquis Gad Elmaleh en France: l’artiste né à Casablanca s’est fait connaître à la fois comme acteur polyvalent au grand écran (notamment Salut cousin! et Vive la république) et comme auteur-interprète de spectacles humoristiques. «C’est une démarche très bizarre que d’attendre d’être l’objet du désir d’un metteur en scène. J’ai besoin d’initier des projets personnels», explique le comédien, de Paris.

La Vie normale, qui a tenu l’affiche dans la Ville lumière pendant six mois et qui devrait se conclure par deux semaines à l’Olympia, en janvier, ne joue pas dans les mêmes plates-bandes que Décalages, son premier show, écrit par Elmaleh alors qu’il habitait Montréal, et créé ici en 1994. «Ce nouveau spectacle est beaucoup plus universel, moins autobiographique. J’ai réglé en quelque sorte de nombreuses choses dans le premier. J’ai fait ma psychanalyse sur l’identité. En plus, on m’a payé pour me guérir de mes angoisses existentielles, des chocs culturels que j’ai vécus. (rires) Là, c’est un autre travail: les sketchs sont beaucoup plus absurdes, ouverts.»

Comédien avant tout, Gad Elmaleh privilégie un spectacle à l’accent théâtral (mis en scène par l’actrice Isabelle Nanty, la nounou de Tatie Danielle), qui met de l’avant la création de personnages. Dans ce show qu’on peut voir au Monument-National jusqu’à dimanche, dix personnages viennent donner leur définition de La Vie normale. Au milieu des nouvelles créations (comme cet homme qui parvient enfin à fumer la cigarette, par la force de sa volonté; ou ce personnage burlesque qui, tout en étant drôle, «fait réfléchir les gens» sur l’intégrisme religieux et la tragédie algérienne), l’humoriste amène son savoureux grand-père, aux prises cette fois avec les moyens de communication modernes. «J’essaie d’appréhender un peu quelle aurait été sa réaction s’il était encore vivant. C’est une façon de parler de la grande solitude que je ressens, moi, depuis qu’on est submergés par les moyens de communication. Depuis qu’il y a les téléphones portables et Internet, je ne vois plus beaucoup les gens, et ça me manque.»

Avec le temps, Gad Elmaleh a constaté que ses personnages sont généralement «assez seuls». «Et c’est important pour moi qu’ils restent toujours humains, malgré leurs travers, et qu’ils soient crédibles. J’arrive à faire passer plus de choses en étant caché derrière l’un d’entre eux qu’en avançant moi-même des observations sur la vie. Je suis beaucoup trop pudique pour arriver sur scène et dire: bonsoir, vous n’avez jamais remarqué… (rires) Si c’est un personnage qui parle, je peux me permettre d’aller beaucoup plus loin. C’est de dire au public: on va partager ensemble des choses que vous aussi vous avez constatées, mais que vous n’avez pas relevées à haute voix. C’est pour ça que les gens rient: c’est la célébration de choses que tout le monde avait remarquées inconsciemment, et qui deviennent conscientes.»

Les 13, 15 et 16 juillet
Au Monument-National

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