Schwartz : La danse dont vous êtes le héros
Scène

Schwartz : La danse dont vous êtes le héros

Avis aux amateurs de nouvelles expériences: avec Schwartz, la chorégraphie imaginée par le Berlinois FELIX RUCKERT, les spectateurs sont conviés à devenir eux-mêmes des danseurs. Une aventure troublante, qui abolit la distance entre la scène et la salle, et repousse les frontières de l’intimité. Entrez dans la danse…

Un spectacle de danse sans aucun danseur sur scène, n’est-ce pas étrange? C’est pourtant ce que nous propose Danse-Cité à l’Espace Tangente. Schwartz, de Felix Ruckert, comporte tous les éléments d’une chorégraphie, à l’exception près que c’est le spectateur qui fait office de danseur.

Connu en Europe pour sa danse relationnelle, Felix Ruckert espère faire émerger les émotions en faisant fi des barrières qui séparent habituellement les interprètes des spectateurs. Dans sa danse, la scène et le public n’existent pas, et les surprises sont au rendez-vous.

L’an dernier, le Berlinois nous avait présenté Hautnah, une série de solos interprétés chacun devant un spectateur. Il nous revient avec la même pièce, plus un spectacle inédit, Schwartz, qui pousse d’un cran le rapport d’intimité avec un inconnu. Regroupés dans une salle divisée par une bande de lumière, une vingtaine de participants suivent en silence les instructions projetées sur les murs. Ici, on leur demande de regarder calmement leur partenaire; là, de lui prendre la main. Puis, petit à petit, on les invite à franchir les frontières de l’intimité, à communiquer avec leur corps.

Dévoiler les consignes nuirait à l’appréciation du spectacle. Qu’on se rassure cependant, rien de déplacé ou de sexuel n’est imposé. N’empêche qu’on sort du spectacle avec les joues en feu et le coeur qui bat la chamade. Pour peu qu’on accepte de faire confiance, l’expérience se révèle dérangeante, déroutante, et souvent émouvante. Certains partenaires m’ont murmuré à l’oreille des paroles poétiques; d’autres ont ébauché à mon endroit des gestes d’une extrême tendresse. Le plus étonnant, c’est qu’on se surprend à faire la même chose, et avec la même intensité.

Rares sont les spectacles qui nous harponnent de façon aussi puissante. La très belle musique du compositeur belge Christian Meyer ajoute à l’impression d’être à mille lieues. Tout comme Hautnah, Schwartz ne laisse personne indifférent. Soit on aime; soit on déteste. À l’entracte, deux persnnes seulement ont quitté la salle. Dommage pour elles, car la deuxième partie fut la plus intense. Ces deux spectacles de Felix Ruckert sont à voir si on a l’esprit d’aventure et qu’on recherche un nouvel esthétisme.

Jusqu’au 15 juillet
À l’Espace Tangente et à l’Agora de la danse

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