Les Girls : Histoires de filles
Scène

Les Girls : Histoires de filles

Les fans de Clémence DesRochers s’en donnent à coeur joie avec la reprise des Girls, un spectacle de variétés qui puise dans le vaste répertoire de la doyenne de l’humour au féminin. Pour les autres, il y a toujours la grande Andrée Lachapelle…

Plus de 30 ans après avoir pris Le Patriote de Montréal d’assaut, et après avoir fait salle comble l’été dernier au Théâtre d’Eastman, Les Girls «reclémencent», au Patriote de Sainte-Agathe cette fois. Conçue à l’intention des inconditionnels de Clémence DesRochers (ceux qui ne pourront retenir leurs cris de joie à l’énoncé de LA grande question de la soirée: faut-il ou non prendre l’hormone?), cette version renouvelée des Girls se compose de monologues, de numéros humoristiques et de chansons puisés dans le vaste répertoire de la doyenne de l’humour de filles au Québec.

Bavards et indisciplinés, les fans de Clémence rient avant, pendant et après les gags, qu’ils connaissent souvent par coeur, et applaudissent généreusement entre les sketchs. On se croirait presque au Théâtre des Variétés! Pour satisfaire ce public de vacanciers, le metteur en scène Mario Borges (assisté de Clémence DesRochers) et le scénographe Jean Bard ont opté pour la simplicité: seuls quelques chaises, des chapeaux et des instruments de musique meublent la scène, encadrée par des caisses de légumes. Patricia Deslauriers (contrebasse) et Nadine Turbide (piano et accordéon) accompagnent les comédiennes lors de leurs numéros chantés (les arrangements vocaux sont de Catherine Gadouas).
Ainsi entourées, les cinq girls s’en sortent bien, chantant, souvent en choeur, avec grâce et justesse. Les expérimentées Andrée Lachapelle et France Castel brûlent les planches, Monique Richard et Nathalie Gadouas offrent aussi quelques moments forts, tandis que, seule ombre au tableau, Sylvie Ferlatte multiplie les grimaces et les éclats de voix, campant, entre autres, une soeur grise hystérique qui postillonne dans son micro.

Parmi la vingtaine de numéros composant la soirée se distingue celui dans lequel Andrée Lachapelle et France Castel nous racontent avec un grand sens du comique l’amitié étrange d’une gourmande ricaneuse et d’un maigre trop sérieuse. D’autres numéros ont du punch, dont Un sujet délicat, dans lequel deux vieilles filles en vacances (Monique Richard et Sylvie Ferlatte) se brouillent quand l’une demande à l’autre si elle a déjà eu un amant; et L’Homme de ma vie, une chanson qu’Andrée Lachapelle interprète avec la sensibilité qu’on lui connaît.
Le spectacle gagne du rythme en deuxième partie, avec des numéros plus courts, mieux liés les uns aux autres et livrés dans une ambiance de fête. Accompagnées à l’accordéon, les comédiennes chantent et multiplient les steppettes – elles danseront la gigue et un french can-can! – avec fougue. Elles se laissent même gagner par un fou rire communicatif, déclenché par une blague de la très digne Andrée Lachapelle… avant de clore la soirée en se confessant de leurs petits travers – Andrée Lachapelle dira qu’elle devrait arrêter de faire se coquette et prendre sa retraite -, sous les applaudissements d’un public complice.
Si certains textes sont un peu usés (Je vis ma ménopause, par exemple) ou ont pris un coup de vieux (La Gigue des perles rares), la plupart des numéros sont si bien écrits qu’ils ne prendront jamais une ride, comme Les Deux Vieilles. À quelques jours des célébrations de la Fierté gaie, il est difficile de ne pas être ému quand, dans Gérard, Gérard, une mère dit à son fils qu’elle croit homosexuel: «Si t’es un fifi, môman voudrait pas le savoir, jamais!» Trente ans après la première mouture des Girls, Clémence continue de se moquer de nos tabous avec une audace et une tendresse inimitables…

Au Patriote de Sainte-Agathe
Voir calendrier Théâtre d’été