Olivier Choinière : La piqûre
Scène

Olivier Choinière : La piqûre

En créant en moins de deux mois une pièce sans prétention, l’auteur et metteur en scène Olivier Choinière s’est fait plaisir. Il espère que son «théâtre d’été urbain de série B» plaira tout autant au public.

Les amateurs de films de série B sont nombreux à Montréal, comme en témoignent les interminables files d’attente du très couru Festival Fantasia. C’est pour ces fanas de monstres en carton-pâte qu’Olivier Choinière a conçu Tsé-Tsé, une «pièce de théâtre d’été urbain de série B» montée en quatrième vitesse et sans subventions. L’intrigante comédie scientifique sera présentée sur une scène aménagée pour l’occasion… sur le toit du Théâtre d’Aujourd’hui, transformé en cabaret à ciel ouvert. Quelle mouche a piqué le jeune dramaturge?

«Je crois qu’on peut faire les choses autrement.» Cette phrase, Olivier Choinière la prononce avec une telle conviction qu’on pourrait croire qu’il s’agit de son leitmotiv. Il faut dire que Tsé-Tsé n’a rien, mais alors absolument rien, en commun avec les quelques autres pièces à l’affiche durant la morte-saison. Cette création d’une heure quinze met en scène un scientifique qui hérite d’une tête de mouche à la suite d’une expérience ratée de téléportation. Et qui, progressivement, devra réapprendre à vivre avec sa femme et son fils. Pas jojo et pourtant très rigolo, promet le metteur en scène…

«La pièce se déroule à Montréal, à la fin des années 50, tandis qu’une certaine élite scientifique tente de créer des machines pouvant nous téléporter instantanément à l’autre bout de la terre. Ces machines, croit la dite élite, pourront régler d’importants problèmes. En effet, si je passe de plus en plus rapidement par des téléporteurs, je finirai par me voir moi-même: je ne serai plus alors victime du regard des autres. Et c’est une plaie au Québec, on est toujours à l’affût du regard que les autres portent sur nous!» Hé oui, ce n’est pas parce que l’auteur d’Autodafé fait du théâtre d’été qu’il cesse de s’intéresser aux angoisses d’un peuple en manque de reconnaissance!

Le scénario de Tsé-Tsé s’inspire de celui du film américain The Fly, réalisé, en 1958, par Kurt Neumann, à partir d’un scénario de James Clavell adapté d’une nouvelle de George Langelaan.Mais, selon Olivier Choinière, l’auteur du manuscrit original serait plutôt Léone Rivière-Coche (!), une Montréalaise au destin rocambolesque et tragique, qui aurait vécu avec son amant (Langelaan) en Californie. L’affaire a tout d’un canular, et Olivier Choinière s’en amuse, refusant avec espièglerie de dire si cette mystérieuse auteure est un personnage issu de son imaginaire fertile…

En concoctant en moins de deux mois une pièce sans prétention, Olivier Choinière s’est fait plaisir: «C’est exactement ce dont j’avais besoin, maintenant», dit-il. À la suite de la mise en scène, par André Brassard, du «bûcher historique en cinq actes» qu’était Autodafé – la première pièce présentée par le Théâtre du Grand Jour – et la présentation de Soldat de bois, le diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada avait envie d’une pièce «à la bonne franquette». Ce qui ne l’empêchera pas d’écrire de nouveau une pièce d’inspiration politique pour le Théâtre du Grand Jour, qui sera en résidence cet automne au Théâtre d’Aujourd’hui.

Heureux de bouleverser les habitudes des amateurs de théâtre, le jeune touche-à-tout invite les dramaturges de la relève à explorer le genre théâtral qu’il a créé. «La série B au théâtre, c’est quelque chose que j’ai envie de partager. Je pense que ça pourrait être le fun si plusieurs créateurs présentaient un spectacle du genre, tiré d’un scénario écrit par un auteur inconnu, ou inspiré d’un film. Car il y a de la poésie dans les monstres et les extraterrestres. D’autres créateurs devraient s’intéresser à ces créatures…»

Terrasse du Théâtre d’Aujourd’hui à 21 h 30
Jusqu’au 25 août

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