Maudite Machine : Panne sèche
Scène

Maudite Machine : Panne sèche

Elle est seule, Sonia Bélanger. Terriblement seule avec son chat, ses blessures et ses regrets. Par la magie du théâtre, l’espace d’une soirée arrosée au vin rouge, elle a décidé de rompre avec ses habitudes et de nous raconter sa triste  vie.

Elle est seule, Sonia Bélanger. Terriblement seule avec son chat, ses blessures et ses regrets. Par la magie du théâtre, l’espace d’une soirée arrosée au vin rouge, elle a décidé de rompre avec ses habitudes et de nous raconter sa triste vie.

Son appartement de la rue Hutchison est meublé de souvenirs, récents ou anciens. Elle nous les livre sans rien oublier: l’influence positive de sa grand-mère et la détresse de sa mère; l’exil et la vie à refaire avec des petites jobs qui exploitent les femmes comme elles; ses amoureux de passage; le scandale de devenir fille-mère; et la peur qu’elle tente de surmonter chaque fois qu’un nouvel obstacle se dresse devant sa vie.

À partant du personnage féminin des Rues de l’Alligator, créé il y a deux ans à La Licorne, l’auteure Abla Farhoud a écrit Maudite Machine pour Nicole Leblanc. C’est le quatrième spectacle solo au théâtre dans la carrière de la populaire comédienne, après Les Hauts et les bas dla vie d’une diva… et Les Nuits de l’indiva, de Jean-Claude Germain, puis Valentine (la version française de Shirley Valentine de Willy Russel).

«Un spectacle solo, c’est un cadeau et un défi», prévient Nicole Leblanc dans le programme de la production qui ouvre la saison du Rideau Vert. Hélas, cette pièce tient davantage du défi. Et ce dernier, malgré tout le talent de madame Leblanc, est insurmontable.

Car cette Maudite Machine est en panne de moteur. Le texte d’Abla Farhoud est beaucoup trop mince, mal construit et sans intérêt dramatique. Et ce n’est pas parce qu’un personnage solitaire évoque ses souvenirs sur une scène qu’il ne peut pas soutenir une forte trame dramatique (pensons à Océan de Pol Pelletier, ou The Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay, pour ne nommer que des créations québécoises). Finalement, la crise existentielle de la brigadière Sonia Bélanger s’éparpille dans trop de directions et ne m’a pas vraiment touché.

En général, quand un texte est faible, l’équipe de création ajoute toutes sortes dartifices par insécurité. Le travail des concepteurs et de la metteure en scène Louise Laprade semble confirmer cette théorie. Laprade a recours à des projections vidéo (réalisées par Francis Laporte) en arrière-scène (un décor un peu trop high-tech pour l’univers de cette modeste brigadière…), et à un vrai chat qui entre et sort à quelques reprises dans les bras de la comédienne. Le joli félin a suscité des réactions d’un public attendri. Malheureusement, je ne peux pas en dire autant de l’histoire de Sonia Bélanger.

Jusqu’au 16 septembre
Au Rideau Vert

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