2222 : Drôle de drame
Scène

2222 : Drôle de drame

Pierre-Olivier Pineau a de la suite dans les idées. Qu’il envoie des lettres ouvertes aux journaux sur la déréglementation de l’électricité ou écrive une pièce mettant en scène deux fonctionnaires incompétents, le jeune auteur se plaît visiblement à lancer de retentissants "J’accuse!".

Pierre-Olivier Pineau

a de la suite dans les idées. Qu’il envoie des lettres ouvertes aux journaux sur la déréglementation de l’électricité ou écrive une pièce mettant en scène deux fonctionnaires incompétents, le jeune auteur se plaît visiblement à lancer de retentissants "J’accuse!". 2222, le plus récent brûlot du dramaturge, met en scène deux collègues de l’Office des vérifications dont la tâche est de sélectionner les projets qui seront retenus pour l’organisation des festivités de l’an 2222. Un homme et une femme qui ont, eux, des projets plus sulfureux derrière la tête…
Pierre-Olivier Pineau affirme, dans son mot d’auteur, avoir voulu rendre hommage à tous ceux qui, sans relâche, se consacrent au tamisage de projets et à l’application de filtres. Ironique, quand on sait que sa production a été montée sans subvention gouvernementale, ni commandite privée. Heureusement, 2222 offre plus qu’un règlement de compte entre artistes et subventionneurs, puisqu’on y cause, avec un humour noir, du poids de la solitude et de ses répercussions.
Ceux qui ont vu la création précédente de Pineau, Entrevoir, reconnaîtront l’homme et la femme que met de nouveau en scène Julien Blais. En fonctionnaires zoophiles qui en pincent l’un pour l’autre, Charles Maheux et Nathalie Costa donnent un prestation de qualité, toute en mimiques appuyées et en gestes saccadés. Plusieurs répliques font sourire – "Vous me rappelez mon bichon maltais, en moins pénétrant!" lance madame – mais la création souffre de longueurs. Si Beckett a écrit des pièces magnifiques dans lesquelles il se passe bien peu de chose, cet art n’est pas donné à tout le monde…
La création devait être présentée avec deux autres pièces dans un nouvel espace, le Café-Théâtre Le Rébus, qui n’a jamais ouvert ses portes. 2222 a donc été relocalisée sur la minuscule scène de La Balustrade, au Moument-National, ce qui pourrait avoir été un mal pour un bien. Le côté dépouillé et léger du spectacle – pas de décors, des costumes tout simples et une bande sonore accrocheuse mais peu recherchée – offre un contrepoids aux thèmes sérieux – le système, l’isolement, les revers amoureux – abordés par Pierre-Olivier Pineau. Un peu comme si l’auteur avait voulu ajouter à son théâtre engagé un enrobage plus sucré de ludisme et de fantaisie, question de dorer la pilule au spectateur…

Jusqu’au 23 septembre à 20h30
À La Balustrade du Monument-National