Reynald Robinson : La vie et rien d'autre
Scène

Reynald Robinson : La vie et rien d’autre

Impossible de l’éviter, cet automne: Reynald Robinson se multiplie. Comédien dans la prochaine création de François Archambault, l’auteur primé de La Salle des loisirs présente en même temps son second texte "pour adultes", L’Hôtel des horizons, à l’Espace Go.

Impossible de l’éviter, cet automne: Reynald Robinson se multiplie. Comédien dans la prochaine création de François Archambault, l’auteur primé de La Salle des loisirs présente en même temps son second texte "pour adultes", L’Hôtel des horizons, à l’Espace Go. "La chose la plus viscérale pour moi, c’est l’écriture, confie-t-il. Parce que c’est ce que je voulais faire quand j’étais jeune, alors que j’étais extrêmement gêné et solitaire, et que je vivais dans un tout petit village, où un livre était un phénomène. Écrire me permettait de me défouler, de m’exprimer."

Reynald Robinson l’admet sans détour: il écrit d’abord pour lui-même. "Je n’écris pas pour révolutionner le théâtre. J’écris parce que j’en ai besoin. J’écris ce que je suis, dans mes contradictions affichées, mes angoisses non résolues. Je veux juste raconter une histoire qui me touche. Et ce qui me touche, ce sont les petites choses. Quand je repense à ma vie, c’est toujours des personnes ordinaires qui m’ont le plus ému. C’est le sujet de L’Hôtel des horizons, d’une certaine façon. Parce que je trouve qu’on vit dans un monde très flamboyant, où les héros sont énormes, mais où on ne regarde plus les gens. Et on ne voit plus les gens ordinaires. Ou, sinon, dans leur forme vulgarisée, comme chez les humoristes, qui jugent leurs personnages. Je trouve qu’on n’a plus de compassion pour les êtres", soutient le dramaturge, soudain très ému.

Robinson a visiblement mis beaucoup de lui-même dans cette pièce qu’il a écrite "avec une intégrité terrible, en m’abandonnant complètement". À commencer par le personnage de Steven (incarné par Maxime Denommée), un ado de 17 ans sensible et désorienté, version "théâtralisée" de l’auteur. "C’est ce qui est merveilleux dans l’écriture: chaque fois, tu reprends ta vie à zéro. Steven, c’est une grande part de moi quand je suis arrivé à Québec, alors que je me suis donné le droit de parole. Avant, je ne parlais jamais, j’ai traversé tout mon cégep en silence, parce que j’avais peur de ne pas dire la bonne chose. À Québec, comme personne ne me connaissait, je me suis permis de m’inventer un peu." Entre le mutisme de certains personnages et la logorrhée manifeste chez d’autres, la parole se retrouve au coeur des deux pièces de l’auteur d’origine gaspésienne.

Mise en scène par le directeur du PàP, Claude Poissant (la production a été jouée cet été au Bic, par le Théâtre Les gens d’en bas), L’Hôtel des horizons donne la vedette à des personnages inspirés par des êtres qui ont marqué Reynald Robinson et "ont ouvert des portes dans ma vie". Dans le village gaspésien où il a abouti, Steven rencontre ainsi une vendeuse de produits Avon, drivée par son ambition (Monique Spaziani); son mari au seuil de la mort (Pierre Collin); et sa soeur (Louison Danis), la propriétaire de l’hôtel, qui, elle, "ne veut rien". "Pour moi, c’est la phrase la plus importante. Il y a des spectateurs que ça a soulagés énormément d’entendre dire ça. Parce qu’on a l’impression qu’on n’est pas normal, quand on ne veut rien. On n’est pas adapté, on n’a pas d’ambition. Moi, je n’en ai pas, d’ambition. C’est bon de dire: je ne veux rien. C’est s’abandonner à toutes les possibilités de la vie."

Dans une langue imagée, où l’humour flirte avec le drame, émergent les secrets ou la détresse que portent les personnages. "Mon but, c’est de raconter une histoire qui me tient à coeur, et si ça a un effet, tant mieux, dit le sensible auteur. J’aimerais que mon théâtre fasse un peu de bien à une ou deux personnes. C’est tout."

Du 27 septembre au 21octobre
À l’Espace Go
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