Grands Ballets Canadiens : Carmen
Dans cette nouvelle version, Carmen bosse dans une usine quelque part en Amérique du Sud et fréquente une bande de désoeuvrés.
La publicité des Grands Ballets Canadiens portant sur le ballet Carmen de la chorégraphe Didy Veldman, à l’affiche ces jours-ci au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, nous annonçait une oeuvre audacieuse, à la sexualité redoutable. Imaginez, l’opéra de Bizet livré par des jeunes gens habillés de cuir, dans des décors de bars mal famés. On a aura plutôt affaire à un drame joliment ficelé, mais dont les raccourcis ne rendent pas justice à la complexité des personnages.
Dans cette nouvelle version, Carmen bosse dans une usine quelque part en Amérique du Sud et fréquente une bande de désoeuvrés. La jolie jeune femme ne dédaigne pas à l’occasion commettre de menus larcins. La voilà qui tombe sous le charme d’un policier (Don José) et le plaque aussitôt pour un chanteur rock (Escamillo). Mal lui en prend, elle succombera sous les balles de Don José, fou de douleur.
Créée en février 1999 pour le Northern Ballet Theater de Londres, la chorégraphie de Didy Veldman est reprise à Montréal avec les danseurs des Grands Ballets. On aura beau attendre les scènes osées, elles ne viendront jamais. Les personnages frôlent la caricature: Carmen nous apparaît comme une manipulatrice, à mille lieues du personnage original tiraillé entre sa soif de liberté et son sens du devoir; et Micaela, qui aime secrètement José, a l’allure de la petite fille aux allumettes.
Cela dit, cette version de Carmen n’enlève rien à la solide interprétation des danseurs qui s’en donnent à coeur joie. Par exemple, Geneviève Guérard incarne avec naturel l’héroïne flamboyante (interprétée en alternance par Amanda Michelle Cyr et Lise Davies). Sa physionomie et sa fraîcheur évoquent le personnage incarné par Nathalie Wood dans West Side Story.
Par ailleurs, les mouvements sans grand éclat de Didy Veldman demeurent proches du langage classique. La scène la plus intéressante reste l’arrivée d’Escamillo et de sa bande de voyous. Sur l’air le plus popularisé de l’opéra, mais repris cette fois-ci à la guitare électrique, le chanteur rock exécute une danse aux couleurs de break dancing. Servie au lancement de la programmation des Grands Ballets Canadiens, cette scène donnait l’impression que tout le ballet se déroulait dans une atmosphère rock. Or, ce sera presque la seule!
Bref, à force de vouloir plaire à un plus large public possible, Didy Veldman s’est éloignée d’une danse irrévérencieuse attendue avec impatience.
Jusqu’au 28 octobre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts