Sarah Williams : Sur le vif
Depuis trois ans, la danseuse SARAH WILLIAMS crée ses propres pièces qui reçoivent un accueil favorable. Dans quelques jours, elle livrera, pour le premier programme de la saison de Danse-Cité, un duo signé par Benoît Lachambre et un autre par Noam Gagnon et Dana Gingras.
Sarah Williams
s’est toujours fait un devoir de danser pour des chorégraphes qui la motivent à explorer une facette inconnue de son métier. Interprète dont la carrière a débuté à Vancouver, Sarah Williams s’est installée à Montréal dans le tournant des années quatre-vingt-dix. Danseuse puissante, à l’allure androgyne, elle ne tarde pas à attirer des invitations de créateurs d’horizons divers. Elle danse d’abord pour Édouard Lock puis pour Jean-Pierre Perreault, Brouhaha Danse, Robert Lepage, Carbone 14, Roger Sinha et Jane Mappin. Ces temps-ci, elle participe à la tournée de Bagne de la compagnie PPS Danse. Depuis trois ans, elle crée ses propres pièces, de la vraie dynamite qui connaît un accueil favorable.
Dans quelques jours, la danseuse livrera pour le premier programme de la saison de Danse-Cité un duo signé par Benoît Lachambre et un autre par Noam Gagnon et Dana Gingras. Des artistes dont on a pu récemment voir les récentes oeuvres dans le cadre de la série Danses à L’Usine. Sarah Williams y interprétera aussi sa dernière pièce, créée en collaboration avec Heather Mah.
Au moment de notre rencontre, Sarah avait du mal à camoufler sa nervosité. Installée devant son cahier de notes pour ne rien oublier, elle décrivait son spectacle avec une certaine économie de mots, mais beaucoup de chaleur. Avec un tel talent et entourée de semblables collaborateurs, comment peut-elle douter de la bonne marche du spectacle? "Je voulais au départ inviter un troisième chorégraphe, puis je me suis dit: pourquoi pas moi? Je n’aurais peut-être pas dû, car je n’ai pas autant d’expérience que Benoît ou Holy Body Tattoo", dit-elle.
Le point commun entre les chorégraphes invités? Une gestuelle asexuée. "Elle peut être autant dansée par les hommes que par les femmes", dit Sarah Williams. Les créateurs de Holy Body Tattoo lui ont conçu un duo qui évoque les premiers travaux de la compagnie de Vancouver: une danse basée sur l’attraction et la répulsion et exécutée sur une musique violente. Du bonbon pour la danseuse. En les invitant à créer pour elle, Sarah Williams souhaitait établir un pont entre la communauté de la danse d’ici et celle de Vancouver, trop souvent mise à l’écart. Mais il y a plus: "La danse de Holy Body Tattoo est proche des influences européennes et elle me touche beaucoup." Benoît Lachambre lui a créé un duo déstabilisant et teinté d’humour noir comme lui seul sait le faire. Reste le duo de Sarah et Heather, qui emprunte des éléments aux deux premiers duos. Il est aussi la principale cause de son inquiétude. "On utilise tout l’espace, Heather est sur une scène et moi sur une autre. Ça oblige beaucoup de réaménagements sur le plan de la scénographie."
La danseuse a mis toutes les chances de son côté. Les excellentes interprètes Heather Mah et Julie Slater, avec lesquelles elle a déjà partagé la scène, l’accompagnent dans l’un ou l’autre des duos. Le concepteur en vogue, Axel Morgenthaler, signe les éclairages et la scénographie. Enfin, la compositrice montréalaise Jackie Gallant se charge de la trame musicale. La salle de l’Agora a été réaménagée afin de permettre aux spectateurs de se déplacer à leur guise ou encore de s’asseoir. Le spectacle s’intitule Caught Looking, "parce que le public ignore de quel côté viendra la prochaine section chorégraphique".
Autant Sarah Williams était en demande voilà à peine deux ans, autant son téléphone demeure muet aujourd’hui. La chorégraphe-danseuse aimerait bien entreprendre une création avec sa collègue Rolline Laporte, autrefois de Brouhaha Danse. Mais par-dessus tout, elle souhaite danser pour des chorégraphes capables de la confronter à ses désirs. Pour bientôt, espérons-nous!
Du 1er au 4 novembre et du 8 au 11 novembre
À l’Agora de la danse