Sylvain Hétu : Le carnaval des animaux
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique, en 1984, Sylvain Hétu a surtout travaillé pour le public adolescent, au sein des Productions Ma Chère Pauline.
"Un ornithorynque, c’est une bibitte fascinante." À la lecture de la pièce pour enfants L’Ornithorynque, du Belge Alain de Neck, le comédien Sylvain Hétu s’est pris d’affection pour ce drôle de mammifère ovipare, semi-aquatique, ayant une queue de castor, un bec de canard et des pattes palmées. Au point de fonder une compagnie, le Théâtre Les Lucioles, dans le but de produire une version québécoise de ce one man show, déjà présenté en Belgique, en Italie et en Angleterre.
Lors d’une fête familiale qui tourne au vinaigre, le petit Jérémie, bouleversé d’avoir oublié de faire un cadeau d’anniversaire à son grand-père, s’évanouit et se retrouve dans un univers fantastique, un genre de Pays des merveilles dans lequel tous les membres de sa famille sont devenus des animaux. Lui, il est l’ornithorynque, "un animal qui possède une caractéristique de chacun d’eux, mais qui, au bout du compte, découvre qu’il est un être unique." Ce conte pour enfants de sept à onze ans, dans lequel Sylvain Hétu interprète une douzaine de personnages, est mis en scène par un habitué du théâtre jeunesse, Louis-Dominique Lavigne.
"Ce texte parle de quelque chose qui m’est cher: l’hérédité. Quelles sont les valeurs que nos parents nous transmettent? Sans dire que je viens d’une famille dysfonctionnelle, disons que je viens d’une famille qui a ses parts d’ombre, et c’est pourquoi je me suis reconnu dans cette histoire. Je suis en pleine crise de la quarantaine et je me pose beaucoup de questions sur mes valeurs!"
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique, en 1984, Sylvain Hétu a surtout travaillé pour le public adolescent, au sein des Productions Ma Chère Pauline. Quand la compagnie a fermé ses portes, il s’est lancé dans le doublage – prêtant sa voix à Ben Affleck, John Turturro et Jet Li! – , tout en continuant à oeuvrer comme interprète, principalement pour le Théâtre de Quartier. Jusqu’à présent, il a joué cent vingt-cinq fois Les Petits Orteils, de Louis-Dominique Lavigne, et ce n’est pas fini! Selon Sylvain Hétu, le théâtre jeune public offre une grande liberté aux comédiens. "Les enfants n’ont pas de préjugés, et on peut les duper gentiment. Pour moi, c’est une façon de me rapprocher d’eux, de jouer le rôle du mononcle tripant…"
"Ce texte m’est tombé dessus comme un rayon de soleil! ajoute-t-il joliment. Je me suis reconnu dans cette écriture sensible et intelligente." La pièce est jouée sans accessoires, dans un décor tout simple. "Ce qui compte, c’est la force d’évocation des mots. Le spectacle a été présenté dix-huit fois en tournée et dans des maisons de la culture et régulièrement, un enfant vient me trouver après le show pour me dire qu’il a tout vu dans sa tête."
Sylvain Hétu aurait aimé que l’auteur de L’Ornithorynque puisse traverser l’Atlantique pour voir la "version western" qu’en a fait Louis-Dominique Lavigne. "Tout ce que j’espère, c’est être à la hauteur du texte; et le dire de la façon la plus limpide et amusante possible…"
Jusqu’au 29 octobre
À la Maison Théâtre