La Nostalgie du paradis : L’union fait la farce
Le mariage gâche tout. C’est la conclusion qu’on peut tirer de la nouvelle création de François Archambault, La Nostalgie du paradis.
Le mariage gâche tout. C’est la conclusion qu’on peut tirer de la nouvelle création de François Archambault, La Nostalgie du paradis. Second constat: l’union conjugale ne réussit pas non plus à l’auteur de Cul sec et de 15 Secondes, autrement plus mordant ou touchant quand il se penche sur l’amour dans ses variantes: cynique, blessé ou impossible. Que dit donc la formule consacrée? Pour le meilleur et pour le pire…
La pièce créée au Théâtre d’Aujourd’hui veut s’interroger sur l’engagement, l’amour et le rite nuptial chez la génération des familles éclatées, pour qui la tradition ne rime plus à grand-chose, qui couche d’abord, et se marie peut-être ensuite… Les tourtereaux de La Nostalgie du paradis veulent bien s’unir devant témoins, mais à leur manière. Or, ils ont beau convoler sur un toit, dans une cérémonie insolite célébrée par un ex-prêtre déguisé en moine, et contraindre tous leurs invités à s’affubler de costumes médiévaux, tout leur rappelle que l’amour a bien du mal à rimer avec toujours. L’assemblée est composée d’âmes esseulées, de couples brisés, et d’un ménage qui ne tient plus qu’au fil de l’habitude…
Hélas, cette noce à saveur nouvel-âgeuse, évidemment grotesque, est surtout l’occasion d’une satire sans finesse. Les personnages sont de véritables clichés sur deux pattes, surtout la poupoune de service (Julie Ménard), qu’exhibe à son bras le père volage, franchement pas subtil lui non plus (Yves Corbeil, égal à lui-même…). Hormis quelques répliques plus percutantes, la pièce dirigée par Jean-Stéphane Roy ne dépasse guère la grosse caricature de surface. Sinon peut-être dans le couple formé par Louise Turcot, en épouse qui s’accroche, et Denis Houle, qui parvient à donner une sorte de vérité à son fonctionnaire coincé.
Peu à peu, alors que le vernis craque, Archambault tente bien de nous donner accès à l’humanité de cette drôle de famille. Mais il faudrait pour cela des dialogues plus forts que l’échange père-fils, par exemple ; ou un plus grand doigté à la direction d’acteurs.
Drôlement construite, la pièce démarre telle une comédie estivale légère, puis se métamorphose plus ou moins en drame, avec, en son centre, l’apparition de la mère folle (France Castel), venue asséner quelques vérités sur l’amour. Le tout pris en sandwich entre deux scènes plutôt charmantes, des tête-à-tête au naturel (en sous-vêtements!) entre les jeunes époux, à qui Steve Laplante et Julie Perreault prêtent beaucoup de fraîcheur. Les accents de vérité de la pièce logent là, surtout dans le finale, avec son serment amoureux empreint de lucidité.
Tournant en dérision une institution vidée de sens, l’auteur nous montre des jeunes amoureux prêts à s’embarquer malgré tout dans l’aventure du couple, les illusions d’antan en moins. Constat sans surprise. Et c’est peut-être le plus décevant dans cette pièce: que le satiriste acéré que peut être Archambault ne nous dise rien de vraiment intéressant sur l’amour et le mariage au temps du cellulaire.
Jusqu’au 18 novembre
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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