La Résurrection de Lady Lester : Cool jazz
Scène

La Résurrection de Lady Lester : Cool jazz

"Nous vivons, ici, une relation privilégiée avec le jazz." Depuis des années, Julie Vincent rêve de présenter au public montréalais La Résurrection de Lady Lester, d’Oyamo racontant la déchéance du jazzman Lester Young, qu’elle avait mise en scène en 1991, à l’École Nationale de théâtre.

"Nous vivons, ici, une relation privilégiée avec le jazz." Depuis des années, Julie Vincent rêve de présenter au public montréalais La Résurrection de Lady Lester, d’Oyamo racontant la déchéance du jazzman Lester Young, qu’elle avait mise en scène en 1991, à l’École Nationale de théâtre. La comédienne et metteure en scène veut permettre au grand public de goûter à ce théâtre musical, et surtout d’offrir à des acteurs noirs la possibilité de "découvrir un auteur dramatique qui les mette en contact avec leurs racines"…

Étoile du jazz au caractère instable, marié trois fois, enrôlé dans l’armée, puis emprisonné durant les années quarante, Lester Young a mené une vie de débauche, avant de mourir à la suite d’un excès d’alcool, à 50 ans. Il a, entre autres, collaboré à plusieurs reprises avec "Lady" Billie Holiday, qui le surnomma "The Prez" en échange de ce "Lady", dont il affublait tous les artistes qu’il admirait. Dans la pièce, le sensuel saxophoniste affirme d’ailleurs que "les femmes sont ce qui se rapproche le plus du jazz sur la planète"…

La descente aux enfers de ce drôle de personnage a été décrite par Oyamo – alias Charles F. Gordon -, "un auteur phare de la culture afro-américaine", explique Julie Vincent, qui s’est liée d’amitié avec lui il y a une quinzaine d’années. La traduction est de Michel Garneau.

Malgré leurs modestes moyens, le producteur Yvon Leduc, du Théâtre de la LNI, et Julie Vincent ont réuni une impressionnante brochette de comédiens, dont la plupart ont la peau sombre (Widemir Normil, Geneviève Rochette, Angelo Cadet, Mireille Naggar, Jean L’Italien, Frédéric Pierre et Didier Lucien, qui tient le rôle-titre), ainsi que quatre jazzmen de renom, dont Sayyd Abdul, qui incarne en musique le saxophoniste, sous la direction de Catherine Gadouas. Plus de vingt morceaux seront interprétés sur scène.

Avec sa bouille rigolote et son sourire perpétuel, Didier Lucien risque d’étonner en sombre "Président" alcoolo et tourmenté. "J’admire beaucoup Lester Young. Il n’était pas exhibitionniste, mais il avait un style bien à lui." À une semaine de la première, le comédien est sans pitié: "Lorsque je répète, je me pose toujours la question: si j’étais un spectateur, est-ce que je me lèverais et m’en irais? Au début des répétitions, je me levais, avoue-t-il en riant. Maintenant, je me lève beaucoup moins souvent…" L’interprète, qui s’est illustré dans la LNI, souhaite faire honneur au grand talent d’improvisateur de Lester Young. "Les comédiens sont avertis: s’ils ont une idée pendant qu’on joue, je vais dealer avec! J’ai bien l’intention de faire des surprises…"

Du 7 novembre au 2 décembre, 20 h3 0
À la salle Du Maurier du Monument-National