Scène

L’automne Molière : Revisiter ses classiques

Amateurs de classiques, à vos marques. Trois pièces de Molière prennent presque simultanément l’affiche à Montréal ce  mois-ci.

Amateurs de classiques, à vos marques. Trois pièces de Molière prennent presque simultanément l’affiche à Montréal ce mois-ci. Outre Dom Juan au TNM (voir entrevue ci-contre avec David Boutin), le Théâtre Denise-Pelletier reprend L’École des femmes, sous la direction d’Alain Knapp, et le Théâtre Longue vue entame sa cinquième saison en présentant Le Malade imaginaire, avec Jean-Pierre Chartand qui défendra le rôle de l’hypocondriaque Argan.

Pour sa deuxième mise en scène avec le Théâtre Longue vue, Yvan Bilodeau a voulu renouveler ce classique tout en respectant le texte original de Molière. Pour ce, il a favorisé une approche qui privilégie le contact avec les acteurs. La formule retenue est celle du théâtre dans le théâtre en montrant une troupe de comédiens qui jouent Le Malade imaginaire (faisant ainsi allusion à la troupe de Molière, L’Illustre Théâtre. "Nous avons éliminé tous les intermèdes existants dans la pièce, et utilisé ces moments pour faire pivoter l’un des personnages, Cléante, et le transformer en une sorte de narrateur", explique le directeur artistique de Longue vue, Martin Lavigne. Il s’adressera au public et lui donnera des informations sur le contexte historique entourant la création du Malade, qui est la dernière oeuvre du célèbre dramaturge, décédé quelques heures après la quatrième représentation de sa pièce."

La distribution comprend aussi plusieurs figures connues dont Marc-André Coallier, Francis Reddy, Martine Francke et Antoine Durand.

De son côté, Alain Knapp dirige pour la première fois une production québécoise, à l’invitation de Pierre Rousseau, directeur artistique du Théâtre Denise-Pelletier. Depuis 25 ans, le metteur en scène français est considéré comme un des grands maîtres de la formation en théâtre en Europe. Il a entre autres enseigné à Robert Lepage et à René Daniel Dubois et a donné des stages de formation à l’École nationale de théâtre du Canada.
Une fois le choc culturel des répétitions passé (contrairement au Québec, les comédiens français sont payés pour les répétitions pendant deux mois et s’y consacrent donc à plein temps), Alain Knapp dit découvrir avec bonheur la chaleur et la convivialité des interprètes québécois.

Monsieur Knapp ne s’étonne pas outre mesure de voir trois oeuvres de Molière portées à la scène en même temps. Ce n’est pas d’hier que cet auteur a franchi la barrière du temps: " Or, pour moi, L’École des femmes est sont chef d’oeuvre. "Ce qui m’intéresse, c’est que cette pièce écrite au 17e siècle renvoie à un questionnement toujours actuel sur le moi, l’identité et l’individu dans ses conflits propres et dans l’articulation de ceux-ci dans le réel. L’Autre n’est jamais réductible au Moi. Contrairement à l’Orient, le Je prime dans le théâtre occidental, et ce depuis des siècles."

Par-delà ces questionnements théoriques, L’École des femmes, c’est aussi l’histoire d’un homme qui séquestre une femme pour l’épouser, d’un curieux phantasme masculin inexorablement voué à l’échec et au malheur. Le metteur en scène a auditionné des dizaines d’actrices avant de trouver son Agnès qui sera défendue par Évelyne Rompré. Quant à Arnolphe, il sera interprété par Marcel Sabourin, un ami d’Alain Knapp, qui effectue un retour sur scène très attendu.

L’École des femmes
Du 7 novembre au 2 décembre
Au Théâtre Denise-Pelletier

Le Malade imaginaire
Jusqu’au 25 novembre
Au Gesù