Daniele Finzi Pasca : La quête du sens
Scène

Daniele Finzi Pasca : La quête du sens

Cet automne, Daniele Finzi Pasca met en scène à l’Usine C Visitatio, une création conçue avec la collaboration des membres de Carbone 14 et du Teatro Sunil, soit sept interprètes provenant de cinq pays.

En 1997, à l’invitation de Danièle de Fontenay, directrice générale et artistique de l’Usine C, Daniele Finzi Pasca présente pour la première fois son travail au Québec, avec Icaro. C’est le coup de foudre! La critique et le public sortent enchantés de ce spectacle solo tendre et poétique. Depuis, l’acteur et clown suisse est revenu chaque année: avec Icaro, puis avec un autre solo, Giacobbe, en plus de donner des stages à l’Usine C.

Toutes les conditions étaient là pour rendre possible une coproduction entre Carbone 14 et la troupe de Daniele Finzi Pasca. Chose faite. Cet automne, il met en scène à l’Usine C Visitatio, une création conçue avec la collaboration des membres de Carbone 14 et du Teatro Sunil, soit sept interprètes provenant de cinq pays.

"En répétition, c’est un peu les Nations unies, raconte le fondateur du Teatro Sunil en entrevue au Café de l’Usine C. Nous parlons quatre langues (français, anglais, italien et espagnol), mais n’avons aucune langue commune…"

Plus qu’une rencontre entre deux compagnies, ce sont deux visions du monde et du théâtre qui réunissent les gens de Carbone 14 et ceux du Teatro Sunil. "Nous sommes deux troupes de création avec une logique semblable dans notre démarche artistique, et dans notre façon de voir l’acteur comme un danseur et vice versa. Nous partageons aussi la volonté de raconter des histoires par le biais d’images scéniques fortes, oniriques. Nous avons créé une nouvelle famille avec les acteurs de Visitatio."

Les créations de Carbone 14, celles signées Gilles Maheu, avant sa sabbatique entamée en 1998, succès de Notre-Dame de Paris oblige (Maheu reviendra enfin avec une création en mai 2001), les shows de Carbone, dis-je, ont "la pérennité du rêve", a écrit une critique à l’époque du Dortoir. Ceux de Daniele Finzi Pasca aussi. "Pour moi, un spectacle doit évoquer plus de choses que ce qu’il laisse voir. Comme lorsqu’on colle un coquillage à son oreille pour entendre le bruit de la mer: une création doit avoir un écho."

Dans Visitatio, cet écho résonnera à travers le destin de sept personnages qui se retrouvent sur un quai, entre mer et ciel, dans l’attente de quelque chose. "Visitatio, c’est cette étrange sensation d’être visité par quelqu’un ou quelque chose. Ces drôles de coïncidences qui nous font appeler un ami qu’on n’a pas vu depuis dix ans, au moment où ce dernier pensait à nous, ou encore de faire un rêve prémonitoire… Le spectacle est aussi dédié aux gens de théâtre. On parle de la vérité sur scène, du jeu, du public. Rien dans cette création n’est vraiment cohérent. Il y a plusieurs couches de sens. La quête du sens est essentielle en art. Dans mes solos sur la fuite, j’ai exploré le tragi-comique: la clownerie étant un croisement entre la douleur poétique du Pierrot et la quête du sens du Pucinella. J’ai voulu pousser le tragique pour lui donner une nouvelle dimension. Quand on force le tragique, il devient comique. Quand Odipe roi s’arrache les yeux, c’est tragique. Toutefois, s’il se coince un doigt dans l’orbite de l’oeil et se démène sur la scène pour l’enlever, ça peut devenir très comique."

La frontière entre le tragique et le comique serait donc un mur de papier que l’acteur peut, à tout moment, déchirer. "Pour moi, un acteur doit souffrir un peu mais, surtout, avoir beaucoup de plaisir sur une scène. C’est ce que j’aimerais transmettre à la troupe. Et aux spectateurs."

Du 14 novembre au 2 décembre
À l’Usine C
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