L'orchidée : Une fine fleur
Scène

L’orchidée : Une fine fleur

Avec L’orchidée, l’auteur dramatique Michel Nadeau effectue une toute première incursion réussie du côté du théâtre jeune public.

Avec L’orchidée, l’auteur dramatique Michel Nadeau effectue une toute première incursion réussie du côté du théâtre jeune public. Cette amusante fable raconte dans une langue toute simple la rencontre émouvante d’un homme au bord de la crise de nerfs et d’une petite peste en quête d’attention. De cette collision entre deux mondes: celui d’un carriériste sans enfants et d’une préadolescente à la vie familiale mouvementée, naîtra une amitié qui mettra un peu de baume sur la vie difficile de ces deux écorchés.

Doté d’un fichu caractère, André (Carol Cassistat) se brouille avec son patron, perd son emploi de publicitaire, puis se fait larguer par sa copine. La jambe emprisonnée dans un plâtre à la suite d’un accident – "j’ai fait ce que l’on ne devrait jamais faire, j’ai pris mon auto pour me défouler après une dispute" -, il se cloître devant le téléviseur et ne sort de son apathie que pour engueuler les prétendus responsables de son malheur. Arrive dans le décor Geneviève, une fillette délurée (Tova Roy) qui tente de lui soutirer quelques sous pour sa classe d’arts martiaux. Intriguée par ce voisin mal embouché, qui déteste les enfants, elle reviendra le visiter. Tout doucement, l’enthousiasme et l’appétit de vivre de la lumineuse Geneviève chasseront les nuages qui assombrissent la vie d’André…

Cette histoire d’adulte au quotidien gris, bouleversé par une intruse haute en couleur, rappelle à maints égards celle d’Un éléphant dans le coeur, de Jean-Frédéric Messier. Moins fantaisiste, L’orchidée est, elle aussi, une création fortement teintée d’humour; de nombreux éclats de rire font écho aux remarques impertinentes de Geneviève et aux crises de rage d’André. Il faut dire que les comédiens Carol Cassistat et Tova Roy (qui a pris la relève d’Anne-Marie Olivier après la présentation de L’orchidée à Beloeil, à Québec et en France) sont excellents, offrant aux jeunes spectateurs un jeu tout en finesse.

Constituée de courtes scènes de moins de deux minutes, la pièce trouve son unité dans la mise en scène (très rythmée) de Reynald Robinson, qui en est à sa troisième collaboration avec le Théâtre du Gros Mécano. Une bonne idée: la projection de nuages sur les murs de l’appartement quasi vide d’André, qui marque de belle façon le passage du temps. À l’instar de la scénographie, le texte de Michel Nadeau est réaliste et dépouillé. Malgré son prosaïsme, on y trouve quelques répliques particulièrement savoureuses et, surtout, une morale avec laquelle les jeunes spectateurs seront assurément en accord: si les enfants ont besoin des hommes, les hommes ont, eux aussi, besoin des enfants…

Jusqu’au 12 novembre
À la Maison Théâtre