Veillée funèbre : Morts de rire
Pour faire leur entrée professionnelle, les treize finissants de la promotion 1999 de l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe ont opté pour une pièce au coefficient de difficulté énorme: Veillée funèbre du Français Guy Foissy.
Pour faire leur entrée professionnelle, les treize finissants de la promotion 1999 de l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe ont opté pour une pièce au coefficient de difficulté énorme: Veillée funèbre du Français Guy Foissy. Si le choix de cette oeuvre casse-cou, d’un humour peu recherché, étonne, les diplômés ont le mérite d’en avoir fait un "show de gang" énergique et joyeux, où chacun a son 15 secondes de gloire. Pour apprécier cette pièce brouillonne mais jouissive, il faut avoir envie d’une comédie bien grasse, gratinée de jeux de mots faciles – qui rappellent ceux, et pas toujours les meilleurs, du groupe belge Sttellla. Sinon, le spectateur risque de trouver la Veillée d’un ennui mortel…
Cette oeuvre étrange se compose de 1000 répliques, écrites sans être attribuées à aucun personnage. La metteure en scène Manon Lussier s’est chargée de répartir ces 1000 morceaux de casse-tête. Peu monté au Québec (Manon Lussier a déjà puisé dans ses écrits pour Fantômes de phantasmes), Guy Foissy jouit d’une certaine notoriété… au Japon, où une troupe se consacre à son oeuvre.
Dans Veillée funèbre, il raconte un cauchemar qui fera sourire la plupart des écrivains: un auteur épie son propre enterrement, découvrant que ses proches le jugeaient méprisable et sans talent. "C’était un flâneur des lettres françaises", dira l’un. "Espérons que ses meilleures oeuvres étaient devant lui, et non derrière!", ricanera un autre.
Manon Lussier met en scène cette comédie grinçante sur l’hypocrisie et la lâcheté avec précision, chorégraphiant avec soin gestes et déplacements. Convaincue que "la confiance surgit de la contrainte", elle a dirigé ses treize étudiants avec une poigne de fer. Du lot se distinguent Catherine Paré, qui répète pratiquement toujours la même réplique – "un peu de tenue, merde!" -, et réussit, chaque fois, à faire rigoler l’assistance, ainsi qu’Annie Girard, qui campe avec fougue une "Nounoune" attendrissante de naïveté.
Jouée avec beaucoup de bonne volonté, cette Veillée funèbre tient plus du "théâtre de cabane à sucre", pour reprendre l’expression de Dominic Champagne, que de la production professionnelle léchée. C’est un peu tout croche, les comédiens étant déguisés avec des fringues probablement achetées au Village des valeurs, le texte rempli de jeux de mots simplets et de blagues scatologiques. Et pourtant, grâce à la fraîcheur et à l’enthousiasme de la distribution, on passe un bon moment. L’exercice était périlleux, soit, mais il aura permis aux finissants de Saint-Hyacinthe de nous rappeler que le théâtre, c’est avant tout un jeu…
Jusqu’au 18 novembre
À la salle Fred-Barry