Amusant et dépaysant : Exils
Scène

Amusant et dépaysant : Exils

Exils , coproduction des théâtres La Vieille 17, l’Escaouette et Sortie de Secours, traite de la quête des origines et de  l’identité.

À travers les rencontres avec des francophones que font, séparément, deux jumelles identiques (Annie et France LaRochelle), Exils, coproduction des théâtres La Vieille 17, l’Escaouette et Sortie de Secours, traite de la quête des origines et de l’identité. Famille espagnole, racines amérindiennes, langues française et anglaise et leur mélange: les traits culturels présentés sont divers, et s’incarnent dans des personnages aux origines mixtes dans cette pièce écrite par Robert Bellefeuille et Philippe Soldevila qui, assisté de Marcia Babineau, assume aussi la mise en scène.

À partir d’un voyage en train, dont le départ et l’arrivée marquent le début et le dénouement de la pièce, Exils est faite de multiples tableaux qui se succèdent rapidement, effectuant des allers et retours dans le temps et dans l’espace. Même si certains des personnages, nombreux, ne font que passer, ils prennent tous vie de façon convaincante, servis par des interprètes au jeu assuré et polyvalent: particulièrement réussis sont le Dave Dubois campé par Robert Bellefeuille et la marraine espagnole de Diane Losier.

Le thème de la gemellité, introduit par les deux personnages principaux, se révèle, dès le premier coup d’oeil, dans la scénographie (Jean Hazel). Très symétrique, le décor est fait de trois séries de portes distribuées sur le plateau, auxquelles se greffent des sièges. Exploité de façon ingénieuse, il évoque différents lieux, entre lesquels la transition s’opère par des changements d’éclairage et l’utilisation de quelques accessoires. Cette idée de "miroir" se retrouve également, à plusieurs reprises, dans la mise en place, qui offre alors une image dédoublée. Dans certaines scènes, où se croisent les jumelles par exemple, le résultat est étonnant.

Pleine d’humour, la pièce est également remplie de métaphores, dont une histoire de "jardinage" particulièrement savoureuse, et la très belle image de la "baladeuse des steppes". Certaines de ces images, très évocatrices, ouvrent sur des perspectives qui ne sont qu’effleurées. Dommage: la pièce y gagnerait en profondeur.

L’ensemble, fait de plusieurs scènes entrecoupées, est amusant et dépaysant, rapide et plein d’énergie… au risque de bousculer un peu trop l’ordre des événements, et ainsi, d’obscurcir certains éléments-clefs de la pièce. À l’image du train courant d’Halifax à Vancouver, Exils couvre beaucoup de terrain, s’arrêtant peu en chemin, et brosse avec vivacité un pan de la "mosaïque canadienne".

Jusqu’au 25 novembre
Au Théâtre Périscope