En annonçant une commedia cittadina, les concepteurs de Zany de Z à A piquent l’intérêt de l’amateur de farces à l’italienne et de performances physiques, qui se voit malheureusement propulsé sur une fausse piste. Le one man show proposé n’est pas une adaptation urbaine de la commedia dell’arte, ni une oeuvre théâtrale purement gestuelle; on pourrait même dire que les mots constituent, en fait, les principaux maux de cette création. Zany (Yvan Zanetti) est un clown volubile, trop bavard même, ce qui l’empêche de nous faire profiter pleinement de ses qualités de bouffon. Dommage…
Cela dit, le Zany de Zanetti réussit à susciter le rire grâce à une candeur qui rappelle Sol, dont il pourrait être le petit cousin, avec son habit rapiécé et son chapeau de vagabond. La souplesse et l’agilité de l’interprète, qui a été danseur, lui permettent de se livrer à d’impressionnantes pitreries, dont un superbe numéro dans lequel il devient un pantin empêtré dans ses cordes. Cette performance est le moment fort du spectacle, qui s’enlise ensuite dans les rêveries de ce drôle de clochard qui squatte un banc de parc, s’imaginant tour à tour soldat, employé de bureau, candidat aux élections, etc…
Le tout se clôt par une morale prévisible: Zany n’est pas un bon à rien, comme l’affirment de méchantes langues – qui nous parviennent grâce à l’efficace bande sonore de la Fabrik de Fréquences -, mais un être libre.
Ce court spectacle mis en scène par Normand Vincent souffre des longueurs du texte à haute teneur philosophique de Pierre Röthlisberger. En sabrant dans l’écrit, et en poussant plus loin un jeu physique pour lequel il a visiblement de grandes dispositions, Yvan Zanetti pourrait très certainement nous offrir un meilleur aperçu de ses aptitudes pour l’art clownesque…
Jusqu’au 2 décembre
À la salle intime du Théâtre Propero