Yvan Bienvenue : Noël noir
Scène

Yvan Bienvenue : Noël noir

Pour une sixième année, Yvan Bienvenue propose au public montréalais une soirée de contes inédits "hard core et hard coeur", pour adultes avertis, qui n’a absolument rien à voir avec les traditionnels divertissements du temps des Fêtes.

Pour une sixième année, Yvan Bienvenue propose au public montréalais une soirée de contes inédits "hard core et hard coeur", pour adultes avertis, qui n’a absolument rien à voir avec les traditionnels divertissements du temps des Fêtes. "Il y a encore des gens qui croient que les Contes urbains, c’est le même show chaque année. C’est pas Casse-Noisette qu’on fait!" Jamais à cour d’inspiration, le poète réitère avec une édition de huit contes qu’il qualifie, sans fausse modestie, de véritable "cadeau de Noël" pour les amateurs du genre.

Après avoir dirigé une édition pancanadienne plutôt fade (pour la première fois, les contes ne se déroulaient pas obligatoirement en territoire urbain), Yvan Bienvenue a réajusté le tir en revenant à l’essentiel: des histoires de Noël, vécues sur le macadam. Et s’est réservé tout le travail d’écriture, ce qui pourrait marquer un retour au style corrosif qui a fait la renommée des Contes.

"Je voulais revenir à quelque chose de rock’n’roll, confirme l’auteur à la voix écorchée. Ce sont huit textes comiques, d’un comique grinçant. Ils ont en commun de susciter un rire humain. Un rire de tragédie, en fait. Il y a de l’humour dans ces contes, mais c’est de l’humour à la Charlie Chaplin. Les Contes urbains, c’est un peu comme du Chaplin parlant, sans images!" Yvan Bienvenue ne se gêne pas pour affirmer qu’à son avis, cette année "tous les contes sont bons, et qu’il y a des bouts excellents"!

Du lot, mentionnons Bill, un conte dit par Bienvenue – ce sera son baptême montréalais des planches -, mettant en scène un clochard d’Ottawa qui troque ses histoires contre un peu d’eau-de-vie, ainsi que Sano Mado, qui relate la triste fin d’une archiviste sadomasochiste, et Bédaine volante, un conte à saveur religieuse dit par Fernand Rainville, le "metteur en conte" de la soirée. À surveiller aussi: une courte prestation de Paul Lefebvre – "Monsieur Théâtre lui-même!" dixit Bienvenue – dans Le Mort.

Parmi les comédiens qui se font conteurs pour l’occasion, on retrouve aussi Louison Danis, qui campe la vieille mère d’un trentenaire déficient, ainsi que Caroline Lavoie, Roger Léger, Joël Marin et Nathalie D’Anjou. "Pour être un bon conteur, il faut avoir l’intelligence du texte, remarque l’auteur. Il faut savoir lire une histoire et la comprendre rapidement." De la rapidité, il en aura fallu à certains interprètes, qui ont eu leur texte entre les mains il y a quelques jours à peine, Bienvenue ayant été victime l’été dernier d’un bogue qui a complètement bousillé le disque dur de son ordinateur, soit plus de huit mois de travail! Une fois le drame accepté – "j’ai passé un mois à me demander comment ça avait pu arriver!" -, il s’est remis au boulot, convaincu de l’importance de réunir des comédiens de qualité autour de textes punchés. "Le concept est très simple: un auteur, un acteur, une bonne histoire. Il n’y a pas de quatrième mur, le comédien regarde le public dans les yeux. Il y aura aussi de la musique live sur scène, faite par le percussionniste François Beausoleil, en collaboration avec le groupe Tuyo."

Yvan Bienvenue en est convaincu, les Contes sont encore loin d’avoir dit leur dernier mot. "Ce n’est pas parce que tous les textes sont du même auteur que c’est répétitif. À chaque texte suffit sa forme. Il n’y a pas de pattern, mais il y a un souffle derrière mes contes. Une respiration, parfois plus nerveuse, plus douce, plus critique ou plus heureuse…"

Du 12 au 23 décembre
Au Théâtre La Licorne