Eko : Maîtres du jeu
Scène

Eko : Maîtres du jeu

En entrevue, Pier Dufour et Louis Ayotte discutent d’un ton posé et avec sérieux de ce qu’ils appellent "l’art marionnettique", un art auquel ils se consacrent depuis quinze ans.

En entrevue, Pier Dufour et Louis Ayotte discutent d’un ton posé et avec sérieux de ce qu’ils appellent "l’art marionnettique", un art auquel ils se consacrent depuis 15 ans. Pourtant, il suffit de mettre une créature de chiffon entre les doigts des deux manipulateurs pour qu’ils perdent toute réserve et multiplient les remarques taquines et impertinentes… Maniant avec dextérité Punky, un mignon petit squeegee de bois, Pier Dufour confirme: "Quand j’étais comédien, j’avais des problèmes de nervosité; mais avec les marionnettes, ça n’existe pas!" Rencontrés dans la salle de répétition d’Espace Go, les cofondateurs de la compagnie Kobol marionnettes – un nom inspiré des Kobolds, gardiens des métaux précieux enfouis sous terre – parlent avec fierté d’Eko, leur premier "divertissement nocturne pour marionnettes consentantes".

Eko, ce n’est pas un, mais huit numéros de marionnettes pour adultes – "ce qui ne veut pas dire qu’on donne dans le XXX!" précise Louis Ayotte -, dont six faisaient partie de Varia, la toute première création de Kobol. "Ce sont des bulles qui s’autosuffisent, ajoute-il. De courtes histoires, des petits échos qui explorent différentes avenues." De la minuscule marionnette bricolée en quelques secondes à la superbe diva aux tenues soignées, et de l’audition catastrophique au drame d’un petit Vietnamien en quête de nourriture, Kobol promet de tout, pour tous les goûts.

Le compositeur Jean-François Léger a collaboré très étroitement à la conception du spectacle, en préparant une imposante bande sonore. Ainsi, cinq des huit numéros présentés sont exclusivement musicaux et ne comportent pas de répliques. "Moins il y a de texte, plus on peut évoquer l’émotion par le mouvement, plus c’est efficace, et plus les gens sont portés à puiser dans leurs propres souvenirs", précise Louis Ayotte. Marcelle Hudon – la conceptrice des Portraits de la Renarde, un thriller de marionnettes hyper-inventif – a été recrutée comme "oeil extérieur" pour diriger leur jeu.

Elle a été estomaquée par la complicité qui existe entre les deux marionnettistes. "Adolescents, on jouait du tambour et du clairon ensemble, puis on a débuté en même temps comme stagiaires au Théâtre Sans Fil, relate Pier Dufour. Cela fait plus de 15 ans qu’on se côtoie." Son collègue ajoute: "Notre but, c’est d’avoir une banque de plus de 40 numéros, pour pouvoir faire des spectacles à la carte, en laissant aux clients le choix du type de show offert." Ensemble, ils caressent le rêve de jouer Eko sur des scènes extérieures ou dans des lieux inusités, comme des galeries d’art, des lounges, des cafés ou des musées. Pour y parvenir, ils ont veillé à ce que tout leur matériel tienne dans quelques valises. Dépouillement et simplicité furent leur leitmotiv. "Le meilleur spectacle de marionnettes que j’aie vu, c’était un ballet de Tchaïkovski, dansé par deux fers à repasser, s’enthousiasme Pier Dufour. C’était tout simple, et pourtant d’une telle beauté!"

"On s’inspire à la fois des gros shows américains et de la tradition européenne, enchaîne son compagnon de jeu. On veut prendre le meilleur des deux mondes, de manière à avoir un show sobre, avec un clin d’oeil à l’efficacité nord-américaine. Un spectacle montréalais, en somme…"

Du 15 au 23 décembre
À la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui