La Mère Merle : Classe nature
Les adultes perdent leur vie à la gagner, c’est connu. Le merveilleux monde du travail n’est pas adapté à la vie familiale, et ça, nombreux sont ceux qui l’auront compris avant même de recevoir leur premier chèque de paie.
Les adultes perdent leur vie à la gagner, c’est connu. Le merveilleux monde du travail n’est pas adapté à la vie familiale, et ça, nombreux sont ceux qui l’auront compris avant même de recevoir leur premier chèque de paie. Ou même d’entrer à la maternelle. Après L’Orchidée, qui racontait les déboires d’un publicitaire venant de perdre sa raison de vivre – le travail – la Maison Théâtre met à l’affiche La Mère Merle, une création de Jasmine Dubé dans laquelle une femme d’affaires hyper-organisée découvre qu’il y a une vie en dehors du bureau…
Conçue pour les enfants de quatre à huit ans, cette neuvième création de la directrice du Théâtre Bouches Décousues est une oeuvre branchée et fantaisiste, dans laquelle on fait référence à Blanche-Neige et aux agendas électroniques, au Petit Poucet et à Internet. Laviat (Marie-Hélène Fortin), une travailleuse autonome célibataire et pilote d’avion – "pour se déplacer plus vite" -, atterrit d’urgence dans une forêt. Incapable d’obtenir du secours, elle marche entre les énormes souches qui l’entourent – un décor enchanteur de Linda Brunelle -, jusqu’à ce que la Mère Merle (Diane Loizelle) l’attire dans l’antre de Merlinot (Jacky Boileau), un gentil nain qui lui enseignera à profiter du moment présent.
Cette créature mi-animale, mi-humaine s’exprime dans une langue rigolote: dans sa bouche, un ordinateur devient un ordonnateur… Jacky Boileau réussit à incarner un gnome sage et cabotin, délirant et philosophe, sans jamais forcer la note. Marie-Hélène Fortin porte avec aplomb la pièce sur ses épaules, campant une carriériste énergique et crédible. Étrangement, la Mère Merle se révèle le personnage le moins abouti du lot. Lors de ses rares apparitions, cette femme-oiseau muette (pourtant interprétée avec grâce par Diane Loizelle) dérange; elle ressemble plus à un personnage échappé du Cirque du Soleil qu’à la créature "qui sait tout et règne sur tout" que vénère Merlinot.
Après s’être moqués du train de vie d’enfer de Laviat, les bambins seront toutefois peut-être tentés de faire la leçon à leurs géniteurs surmenés… C’est là le message de l’excellente pièce de Jasmine Dubé.
Jusqu’au 20 décembre et les 13 et 14 janvier
À la Maison Théâtre