Stéphane Crête : Mon cher sujet

Selon une étude médicale, un acteur serait soumis, le soir d’une première médiatique, au même niveau de stress qu’une victime d’un grave accident de la route… Cette hypothèse a tout pour intéresser Stéphane Crête. Depuis 1996, l’ex-chanteur du Boum Ding Band observe la conscience de l’acteur en représentation et explore diverses facettes de l’émotion chez le comédien par le biais de spectacles de théâtre expérimental.

Dans le cadre de l’événement L’An 01 de la troupe Momentum, le metteur en scène propose Les Laboratoires Crête, une série de quatre spectacles sous forme de recherches cliniques, théoriques et expérimentales sur l’acteur.

La première partie de ce théâtre ludico-scientifique a lieu ce week-end, à l’Université de Montréal, avec une conférence donnée par le "docteur" Crête. Ce dernier se penchera sur "le lien de causalité entre la douleur physique et le jeu de l’acteur en représentation". "Je veux provoquer chez l’acteur un état altéré qu’il pourra utiliser dans son interprétation", explique Crête en entrevue. Son hypothèse de base étant qu’une modification de l’état de conscience permet à un interprète d’enrichir son jeu de nouveaux états émotifs.

Attention, le docteur Crête n’est toutefois pas Frankenstein. Les acteurs-cobayes ne seront pas trop maltraités; leur souffrance sera réduite à un niveau humainement acceptable autant pour eux que pour les spectateurs. Bien que le but de la démarche artistique de Crête reste de provoquer un malaise chez le public. "J’aime bien mener les spectateurs sur de fausses pistes et solliciter tous leurs sens. Pour moi, un spectacle commence bien avant qu’un acteur entame son texte; par le choix d’un lieu, la configuration de la salle, l’environnement sonore, les odeurs, etc. Je n’aime pas quand les spectateurs sont trop confortables au théâtre et savent d’avance comment leur soirée va se dérouler."

Des surprises, le docteur Crête et ses cobayes (Michel-André Cardin, Nathalie Claude, Jacques L’Heureux, Didier Lucien et Brigitte Poupart) nous en réservent donc plusieurs. À noter: une infirmière de profession et amie du créateur (Marie-Josée Lévesque) supervisera les tests de Crête, histoire que tout ça demeure éthique.

Après la douleur physique, Crête veut faire trois autres expériences sur la motivation de la conscience des acteurs avec des techniques différentes: l’hypnose (en mai); des drogues et des excitants modernes (en septembre); puis finalement, fin novembre, la stimulation sexuelle du sujet sur scène… Je vous suggère de réserver-tôt pour ce dernier laboratoire…

On s’informe au 527-0050.

Du 11 au 14 janvier
Salle G-615
Pavillon principal de l’Université de Montréal