Contes urbains : Histoires de ville
Scène

Contes urbains : Histoires de ville

En des temps reculés, alors que la rudesse de la vie au Québec laissait peu d’espace pour la création, la tradition orale a préservé notre culture. À l’ère des conforts et de la vie citadine, le conte urbain, autant que son cousin le conte traditionnel, nous parle de nous-mêmes. Poursuivant la tradition, il conjugue identité et modernité.

Yvan Bienvenue

est un des instigateurs de ce renouveau, commencé en 1991 à Montréal. Dramaturge, fondateur du Théâtre Urbi et Orbi, il a remis le conte au goût du jour. Il trouve en Bernard Grondin, acteur et conteur associé à l’événement depuis quelques années, un comparse qui développe son idée des Contes urbains à Québec. Cercles de conteurs, participation à des festivals, soirées de Contes urbains et de contes traditionnels: la "veillée" revient à la mode, et trouve un public toujours curieux, toujours ravi, qui en redemande. "On bâtit, dans chaque quartier, l’engouement et le plaisir du conte. C’est plein; le monde aime ça", se réjouit Grondin. L’intérêt grandissant pour ce genre de soirée explique la longévité d’un projet conçu à l’origine pour un seul spectacle, développé et précisé depuis.

Cette année, en attendant la fondation prochaine par les deux acolytes "d’une compagnie spécialisée en oralité", les productions de la Tuque Rouge s’associent au théâtre de la Bordée pour présenter la cinquième édition des Contes urbains à Québec. S’ils prennent place dans des théâtres, les Contes urbains sont toutefois très proches des veillées traditionnelles. L’art du conteur, seul en scène, diffère de celui de l’acteur. Ici, le comédien "joue" avec le public, lui proposant un contact particulier. Dès les premiers instants, il doit briser la glace, "traverser le quatrième mur": défi, certes, mais plaisir immense pour qui le relève. "Quand on est là, il se passe vraiment quelque chose: c’est vivant!", explique Bernard Grondin.

Pour ces soirées, des auteurs sont invités à écrire de brefs récits. Aucune thématique, si ce n’est que chaque histoire doit se passer en ville. Certains textes abordent des aspects sombres de la vie citadine; d’autres sont des récits où voisinent surnaturel, réflexion sociale, portraits. Le concept est simple: "Un auteur, un conteur, une bonne histoire" résume Yvan Bienvenue. À Québec cette année, outre Bienvenue et Grondin, six auteurs et acteurs se sont prêtés au jeu de l’oralité: Annie Belley, Frédéric Gagnon, Anne-Marie Olivier, Julie Daoust, Nathalie D’Anjou et Martin Laroche.

Pourquoi le conte? "Le conte, c’est la quête d’identité. Par là, on essaie de se comprendre, de se situer par rapport à l’univers. C’est à ça que nous sert le conte: à jauger nos valeurs, à comprendre nos peurs, nos principes, à se cerner comme société" estime Yvan Bienvenue. Fête de l’oralité, prise de parole, les Contes urbains sont aussi une véritable rencontre, façon colorée de tâter notre pouls collectif, tout en nous laissant glisser dans le plaisir inusable du "il était une fois"…

Du 18 au 20 janvier
À La Bordée
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