Avi Kaiser : L'inconfort crée
Scène

Avi Kaiser : L’inconfort crée

Montréal Danse aime le renouveau, les défis qui déstabilisent, la rencontre des cultures.

Montréal Danse aime le renouveau, les défis qui déstabilisent, la rencontre des cultures. Ces dix dernières années, la compagnie s’est mêlée avec bonheur aux univers de la Japonaise Natsu Nakajima, du Français Jean Gaudin, de l’Américaine Susan Marshall et du Belge José Besprosvany. Pour le spectacle La Sagesse de la terre, la Folie du hasard, la directrice artistique Kathy Casey a invité l’Allemand d’origine israélienne Avi Kaiser à créer une oeuvre étonnante pour les sept interprètes de la compagnie.

Danseur depuis 10 ans pour la chorégraphe allemande Suzanne Linke, Avi Kaiser travaille aussi comme chorégraphe indépendant. Un concours de circonstances l’amène à concevoir des oeuvres au sein de compagnies israélienne et polonaise. Kathy Casey se souvient de son coup de foudre pour In the Body, créée l’année dernière en Pologne. "Il y avait une fraîcheur et un humour qui intégraient subtilement des éléments de la culture polonaise."

Avi Kaiser connaît bien le Québec. À la dernière édition du FIND, en 1999, il présentait Le coq est mort, un spectacle mettant en scène des danseurs sénégalais, qu’il cosignait avec Suzanne Linke. Ce qui le frappe chez nous: l’espace, le mélange de la nature et de l’urbanité et, surtout, l’authenticité de sa population. "Quand une vendeuse me tutoie, je fonds littéralement."

Cette authenticité, il la retrouve chez la troupe québécoise. "Contrairement à leurs collègues européens, très influencés par leur formation en danse classique, les gens de Montréal Danse se laissent entièrement porter par le style chorégraphique proposé. Ils témoignent d’une vraie ouverture d’esprit." N’empêche que la rencontre entre les deux cultures ne s’est pas faite sans heurts. Le chorégraphe a dû se soumettre à l’horaire de travail des Québécois qui se termine à 17 h et épargne les week-ends. "En Allemagne, on travaille huit heures par jour, six jours sur sept. On baigne sans cesse dans le processus créatif jusqu’à ce que ça devienne inconfortable. Et c’est dans l’inconfort que la vérité du geste émerge." Puis, il ajoute: "Les danseurs ont mis du temps à comprendre mes univers précis. Au début, il y avait de la méfiance chez eux. Peut-être avaient-ils peur que j’exige de leur part trop d’heures de travail", dit-il en souriant.

Humus utilise le même ton satirique et la même poésie qu’Un coq est mort. Le plus étonnant reste son emploi du folklore québécois. Les danseurs vont même jusqu’à danser sur une chanson d’Alys Roby. "Je n’ai pas peur d’utiliser de la musique folklorique ou commerciale à partir du moment qu’elle dégage un accent de sincérité."

Avec Kaiser, on ne doit pas s’attendre à un esthétisme exagéré sur scène qu’il juge inefficace car trop loin de la réalité. "Je me demande toujours s’il y a une urgence dans ce que je fais. Est-ce que mon travail est relié à ici et maintenant?"

À noter que le programme de Montréal Danse comprend aussi une oeuvre de groupe de la Québécoise d’origine française Dominique Porte. La chorégraphe nous offrira une nouvelle version de Solitudes, présentée dans le précédent programme de la compagnie.

Du 7 au 17 février
À la Cinquième salle de la Place des Arts