L’Éventail : Beauté baroque
"La danse baroque fut la première danse académique ; celle qui a donné naissance aux ballets romantique et classique. Elle est née à l’Académie royale sous le règne de Louis XIV " raconte d’entrée de jeu Marie-Geneviève Massé, jointe au téléphone chez elle, à Paris.
"La danse baroque fut la première danse académique; celle qui a donné naissance aux ballets romantique et classique. Elle est née à l’Académie royale sous le règne de Louis XIV", raconte d’entrée de jeu Marie-Geneviève Massé, jointe au téléphone chez elle, à Paris.
Chorégraphe et interprète de danse baroque depuis une vingtaine d’années, la jeune Française rejette spontanément la comparaison de la danse baroque avec les pirouettes exécutées dans des films dont l’action se situe à l’époque de Molière. "Les gens s’imaginent que la danse baroque, c’est pompeux et ennuyeux alors qu’il n’en est rien."
À l’invitation de Geneviève Soly, la tête dirigeante de l’ensemble de musique québécois Les Idées heureuses, L’Éventail livrera dans le cadre du Festival Montréal en Lumière, son dernier spectacle, Voyage en Europe. Sept danseurs arborant des traînes somptueuses interpréteront des personnages illustres qui ont marqué les cours européennes. Les musiciens des Idées heureuses joueront des airs du Français André Campra, de l’Anglais Henry Purcell, de l’Allemand Johann Rosenmüller et de l’Italien Antonio Vivaldi. Dépaysement garanti.
En France, la danse baroque a pris son essor à la fin des années 70 en même temps que la musique ancienne. L’une comme l’autre attirent les amateurs à la recherche de nouveauté, d’avant-gardisme. Aujourd’hui, bien des compagnies de danse baroque ont carrément disparu à défaut d’un support financier adéquat. "C’est que ça coûte cher, de concevoir des costumes d’époque", explique Marie-Geneviève Massé. Qu’à cela ne tienne, L’Éventail présente bon an, mal an un nouveau spectacle qui suscite de bonnes critiques. Il s’agit souvent de chorégraphies sorties tout droit de l’imaginaire de Marie-Geneviève Massé et, parfois, de reconstitutions.
Formée à Ris et Danceries, une compagnie qui a joué un rôle prédominant et novateur dans la renaissance de la danse baroque en France, la chorégraphe a longtemps étudié les traités et les écrits des maîtres à danser de l’époque de Louis XIV. À ce moment-là, la danse accompagnait l’opéra et la comédie. "C’est ma nourriture, dit-elle. Mais quand je crée, j’essaie d’oublier tout ça. Je m’inspire de personnages de l’époque, bien sûr, et des danseurs de ma troupe. J’écoute aussi la musique une centaine de fois. Il ressort alors une danse qui n’aurait pu être interprétée au XVIIe siècle. Car il était autrefois inimaginable de monter une danse sans texte."
Après plus d’un quart de siècle, la résurrection de la danse baroque suscite encore des réflexions sur sa modernité. Pourtant, ce sont des chorégraphes ou danseurs comme Lucinda Child, Rudolf Noureev et Dominique Bagouet, en quête de nouveaux codes chorographiques, qui ont contribués en les reproduisant dans leurs spectacles à un regain d’intérêt du public pour la danse baroque.
Selon Marie-Geneviève Massé, les danseurs et les chorégraphes fréquentent les spectacles de danse baroque. Et les autres? Des curieux entraînés par des fans. "Venez nous voir, insiste-t-elle. Vous serez surpris de découvrir la vivacité de notre art."
Les 16 et 17 février
À la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau