Passage : L'invitation au voyage
Scène

Passage : L’invitation au voyage

Le Théâtre Talipot, de l’île de La Réunion, fait escale à l’Usine C pour y présenter sa plus récente création, Passage, dans le cadre du festival Montréal en  Lumière.

Le Théâtre Talipot, de l’île de La Réunion, fait escale à l’Usine C pour y présenter sa plus récente création, Passage, dans le cadre du festival Montréal en lumière. Décrite comme "un art métis inspiré des traditions orales et porté par les rythmes envoûtants de l’océan Indien", cette oeuvre bâtie autour de la danse, du théâtre, du chant et du conte a récolté une pluie d’éloges et de distinctions partout où elle a été jouée, soit en Océanie, en Afrique, en Europe et en Asie! Sur scène, on retrouve des comédiens de La Réunion, mais aussi du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud, s’exprimant en français et en créole, mais parlant surtout à l’aide de leurs corps et de leurs instruments musicaux. Un peu à la manière du spectacle Gumboots, Passage ne donne pas dans le folklore; le Théâtre Talipot s’amuse plutôt à mélanger les influences tribales et occidentales et à multiplier les explorations sonores, visuelles et gestuelles.

"Le talipot est un arbre, un palmier géant, explique Thierry Moucazambo dans le dossier de presse de l’événement. Comme tous les hommes de La Réunion, il vient d’ailleurs, apporté par le vent ou l’océan." Selon le cofondateur de la troupe, la légende veut que le tronc du talipot soit un réservoir d’âmes dans lequel les conteurs puisent leurs histoires. C’est aussi l’arbre de la fête et de la réconciliation. D’où l’idée de baptiser ainsi la troupe qu’il a fondée il y a quinze ans avec Philippe Pelen Baldini, auteur et metteur en scène de Passage.

"À La Réunion tout le monde vient d’ailleurs. Chacun porte en lui l’histoire d’une rupture, d’une errance, de conflits, mais aussi la chance d’un Orient et d’un Occident réunis. Le métissage qui en découle nous invite à rechercher dans le secret, le non-dit, parfois le tabou, un art transculturel qui peut essayer de rendre l’homme à lui-même", ajoute-t-il. Un esprit de provocation qui s’incarne dans le mélange des cultures, des langues, des sexes et des disciplines artistiques qu’opère Talipot.

Passage raconte le périple d’un homme qui, après avoir marché dans le désert, pénètre dans une grotte et se laisse entraîner dans un voyage initiatique qui le conduira jusque dans les entrailles de la Terre. Avec cette pièce, Talipot poursuit son travail sur les origines et la mémoire du corps. Lors de la création du spectacle en 1999, sur l’île La Réunion, Philippe Pelen Baldini a insisté sur l’importance du travail sonore effectué. Travail sur le chant, le choeur, le murmure, les voix. Selon lui, le corps est un instrument extraordinaire. Et l’homme parle d’expérience: durant les 15 dernières années, le metteur en scène réunionnais n’a pas chômé. Le Théâtre Talipot a donné plus de 500 représentations, dans 50 pays. Il a été invité au Festival d’Avignon à six reprises et a récolté de nombreux prix, dont le Total Theater Award 1999 du Festival Fringe d’Édimbourg.

Un peu comme Robert Lepage et sa Caserne de Québec, le Talipot possède, depuis quatre ans, un lieu de création bien à lui, dans une ancienne sucrière de Pierrefonds, à La Réunion. Convaincue de la véracité du proverbe africain "Je suis les liens que je tisse", la troupe s’active dans un quartier fortement touché par le chômage et ouvre grand les portes de son théâtre aux habitants de la place. Après les enfants des environs, qui ont le privilège de pouvoir jeter un oeil aux créations en chantier au retour de l’école, et tous les continents à l’exception de l’Amérique: à nous, donc, de découvrir le travail de cette populaire troupe…

Du 13 au 17 février
À l’Usine C