Ballet for Life : Pop Art
Scène

Ballet for Life : Pop Art

L’équipe du Festival Montréal en Lumière a fait un bon coup en programmant, la semaine dernière, un ballet de Maurice Béjart en spectacle d’ouverture.

L’équipe du Festival Montréal en Lumière a fait un bon coup en programmant, la semaine dernière, un ballet de Maurice Béjart en spectacle d’ouverture. Le nom du chorégraphe belge, qui a marqué la danse voilà 30 ans avec des pièces révolutionnaires comme Messe du temps présent, suffit à lui seul à attirer les foules.

Sans doute le public en a-t-il eu pour son argent car Ballet for Life lui en a mis plein la vue. Béjart nous convie à une danse tour à tour nostalgique, humoristique et romantique. Créé en 1996, son ballet met en scène une trentaine de danseurs dont plusieurs pourraient faire la couverture du magazine Vogue. Il propose aussi des performances souples et agiles, des séquences chorégraphiques évoquant l’ambiance des comédies musicales, un vaste décor épuré, et une enfilade de succès de Queen (extra si l’on est un fan du groupe britannique) à l’intérieur de laquelle s’intercalent des extraits de Mozart. En prime, le designer italien Gianni Versace avait conçu des costumes sobres, en noir et blanc ou multicolores, qui valorisent les corps finement musclés.

Mais le spectateur à la recherche de moments de vérité, d’émotions, de poésie ou encore d’innovation, est sans doute reparti à la maison Gros-Jean comme devant. En exploitant le thème du sida, maladie ayant emporté Freddy Mercury, le chanteur de Queen, et Jorge Donn, l’ex-danseur-vedette et compagnon de Béjart – à qui le ballet est dédié – le chorégraphe de 74 ans avait pourtant en main un matériel prometteur. Au lieu de quoi, il a servi de belles images conventionnelles, interprétées par sa troupe avec grâce mais sans grande intériorité. Par moments, les danseurs avec leur air emprunté semblaient sortir tout droit d’un soap américain.

Heureusement, quelques duos ou solos dansés sur de la musique classique nous réconciliaient avec l’oeuvre, tel ce ballet entre civières; ou encore cet autre réunissant une dizaine de danseurs presque nus dans un mini carré. Bien sûr, la référence à Freddy Mercury n’était pas que musicale; Béjart a fait revivre, parfois de façon caricaturale, les traits marquants du personnage comme sa féminité et son sarcasme à l’endroit de l’institution britannique.

Mais le plus étonnant reste le salut de la compagnie, qui s’est déroulé à l’image de la chorégraphie. Béjart s’est avancé vers le public à petits pas, entouré de sa troupe exaltée. Ce moment aurait pu être touchant, il fut grandiloquent.