Monsieur Lovestar et son voisin de palier : Murmures mitoyens
Scène

Monsieur Lovestar et son voisin de palier : Murmures mitoyens

C’est au Conservatoire d’art dramatique que SERGE BONIN et PATRICK OUELLET ont "rencontré" EDUARDO MANET, auteur français d’origine cubaine, dont Monsieur Lovestar et son voisin de palier est la dernière création. Après un exercice qu’ils auraient bien aimé prolonger au-delà des 30 minutes prescrites, ils s’offrent maintenant le cadeau de jouer la pièce au complet. "C’est agréable, après deux ans où on connaît le texte, d’encore se surprendre", se réjouit Patrick Ouellet.

S’ils peuvent compter sur la collaboration de Yasmina Giguère (décor et éclairages) et de Claudia Gendreau (costumes, accessoires et affichette), les deux comédiens font équipe pour tout le reste: direction de production, mise en scène, interprétation et même, régie. Excellente préparation pour le huis clos que vivent, sur scène, leur deux personnages, Monsieur Lovestar (Serge Bonin) et son voisin, Federico Ramon Salcedo (Patrick Ouellet).

Sur une scène dépouillée, représentant avec quelques meubles et accessoires l’appartement de Lovestar, les deux comédiens jouent en temps réel une scène à la fois simple et insolite: Salcedo, Portugais amoureux d’une Française, cherche à convaincre Lovestar, un traducteur "très célèbre, très riche, vaniteux", de traduire la lettre d’amour de 52 pages qu’il adresse à sa bien-aimée. Lovestar refuse. "Mais Salcedo tient bon: c’est une teigne" glisse Patrick Ouellet.

Pourquoi l’acharnement de l’un, la réticence de l’autre? C’est ce que dévoile la pièce, en une découverte progressive, pour les spectateurs comme pour les protagonistes, de ces deux personnages à forte tête. "Le texte est construit pour que peu à peu on fasse apparaître au public ce qui a rempli les dernières années des deux personnages, et ce qui fait qu’on en arrive à cette rencontre."

Dans cette pièce du Théâtre du Palier, aucun artifice: que le jeu, dont l’importance est ici capitale, et pour lequel les deux comédiens bénéficient du coup d’oeil extérieur de Denise Gagnon. Le jeu est d’ailleurs, pour le Théâtre du Palier, l’intérêt premier. "On veut développer le plus possible les personnages et les relations entre eux, avec presque rien comme scénographie", explique Serge Bonin: pièces d’acteurs, à la mise en scène simple, pouvant voyager facilement.

Pour ces finissants de mai 2000, les projets se bousculent. Pour Serge Bonin, répétition de Yerma et dernière main à son texte La Cité immortelle que joueront prochainement les finissants du CADQ; pour Patrick Ouellet, exploration avec le Théâtre Blanc du dernier Danis, en vue d’un laboratoire public en mars, enseignement et tournée l’été prochain avec le cirque Eos, où il est clown musicien.

En attendant, halte dans l’intimité de la Maison Jaune, où les spectateurs sont invités à se transformer en voisins indiscrets, épiant la scène que se jouent Monsieur Lovestar et son voisin de palier…

Jusqu’au 24 février
À la Maison Jaune
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